Les quotidiens sénégalais parvenus jeudi à APA titrent principalement sur la première sortie officielle du président Macky Sall sur les sanglantes manifestations de la semaine dernière qui ont fait au moins seize morts et plusieurs destructions matérielles dans la foulée de la condamnation à deux ans ferme de l’opposant Ousmane Sonko pour « corruption de la jeunesse » face à la plaignante Adji Sarr, ex-employée du salon de massage Sweet Beauté.
+Le Soleil+ indique que le président « Macky Sall affiche sa détermination » dans la « lutte contre les actes de vandalisme et d’agression contre l’Etat et les biens publics et privés ». Le chef de l’Etat réagissait, hier, pour la première fois en Conseil des ministres sur les violentes manifestations qui ont suivi la condamnation d’Ousmane Sonko, entre jeudi et samedi derniers. Au moins 16 personnes y ont perdu la vie sans compter la série de pillages, saccages et incendies sur des biens appartenant à l’Etat et à des particuliers.
Après avoir présenté ses « condoléances attristées » à la nation sénégalaise, « le président de la République a condamné fermement ces agressions caractérisées extrêmement graves contre l’Etat, la République et ses institutions et contre la nation sénégalaise », des actes de violences « dont l’objectif était, sans aucun doute, de semer la terreur et de mettre à l’arrêt notre pays ».
Rappelant au gouvernement « l’impérative nécessité de protéger notre République et de préserver notre nation », Macky Sall a « ordonné l’ouverture d’enquêtes judiciaires immédiates et systématiques pour faire la lumière sur les responsabilités liées à ces événements ».
Sur les personnes qui l’appelaient à réagir sur le champ pour baisser la tension née de la condamnation d’Ousmane Sonko, le chef de l’Etat indique toujours dans le quotidien national qu’il « s’adressera à la nation à la fin des travaux du dialogue national », vers la fin de ce mois.
Face à cette position, +Le Quotidien+ remarque que Macky Sall « ne baisse pas la garde » malgré la tension qui a coûté la vie à seize personnes et occasionné des dégâts matériels « graves ». Après avoir « condamné les violences et les saccages des biens publics », le président « demande au gouvernement de protéger la République contre les attaques » alors que « 60 manifestants (ont été) relaxés à Kaolack », au centre du pays.
+Bés Bi+ note que Macky Sall, qui a « le mandat au cœur », « va parler après le dialogue » dans un « message » à la nation qu’il va consacrer au « partage des conclusions » des pourparlers entre l’opposition et le pouvoir sur des questions liées particulièrement à la prochaine élection présidentielle prévue dans neuf mois. Ce sera l’occasion pour lui d’annoncer des « mesures de +consolidation de la démocratie et de la République+ », souligne-t-il dans le journal où il ordonne toutefois « l’ouverture d’enquêtes judiciaires » sur les émeutes de la semaine dernière.
Analysant la première sortie du chef de l’Etat, Walf Quotidien note que Macky Sall manie « la carotte et le bâton », soufflant « le chaud et le froid » sur ces manifestations sanglantes. « D’une part, il condamne fermement ces +agressions caractérisées visant à mettre le pays à l’arrêt+ et promet de poursuivre les auteurs. D’autre part, il promet son soutien et la présence de l’Etat aux côtés des familles des blessés et des morts », souligne le journal qui reprend également Madické Niang, candidat à la dernière présidentielle.
« Le Sénégal vaut bien tous les sacrifices », a dit l’ancien haut dignitaire du régime d’Abdoulaye Wade (2000 – 2012) dans lequel il a occupé plusieurs postes ministériels. Dans une tribune transmise à la presse, il invite tous les protagonistes de cette situation tendue au Sénégal de se donner « la chance de laisser à l’histoire la plus belle page de hauteur et de sacrifice pour remettre le destin de notre pays sur les rails de ses valeurs intrinsèques de paix, de solidarité et d’humanisme. Je vous en conjure par la grâce de Dieu, écoutez votre raison, écoutez votre amour pour ce pays ».
Devant un tel contexte, El Hadj Oumar Youm, président du groupe parlementaire de la coalition présidentielle, Benno Bokk Yakaar (BBY, unis pour un même espoir), estime dans Sud Quotidien ne pas être « contre le report » de l’élection présidentielle prévue en février 2024 au Sénégal « si ça doit permettre davantage de consolider la paix sociale, de raffermir notre démocratie, d’aller à des élections de manière paisible, dans des conditions de sérénité, pour nous permettre de réussir cette fête de la démocratie ».
En revanche, l’ex-Premier ministre Aminata Touré, aujourd’hui dans l’opposition, prévient dans le journal qu’elle est « pour la tenue de la présidentielle de 2024 à date échue » parce qu’« aucun report ne peut être envisagé ».
ODL/ha/APA