L’Intercoton, organisation interprofessionnelle du secteur coton en Côte d’Ivoire, encourage les producteurs à la traçabilité en vue du développement durable de la filière et de la protection de l’environnement.
Présente au Salon de l’agriculture et des ressources animales d’Abidjan (SARA), qui se tient du 29 septembre au 8 octobre 2023, l’Intercoton a organisé ce jeudi 5 octobre 2023 un panel autour des enjeux du développement de la filière et des réponses à apporter aux défis qui menacent la stabilité de l’or blanc en Côte d’Ivoire.
« On ne peut plus produire, aujourd’hui, dans des conditions obscures », a déclaré M. Kassoum Koné, vice-président de l’Association professionnelle des sociétés cotonnières de Côte d’Ivoire (APROCOT-CI), au cours de ce panel.
Kassoum Koné a fait savoir qu’au niveau des filières hévéa et cacao, par exemple, l’Union européenne (UE) a sorti une circulaire, il y a six mois, interdisant l’entrée sur son marché des produits issus de la déforestation.
La commercialisation des matières premières se déroule actuellement dans un contexte international de poussée inflationniste et de nouvelles règles de l’Union européenne (UE) visant notamment à limiter la consommation de produits qui contribuent à la déforestation ou à la dégradation des forêts.
Le Conseil de l’UE a entériné de nouvelles dispositions pour réduire la déforestation et la dégradation des forêts à l’échelle mondiale. Les pays de l’Union, de ce fait, devront veiller à ce que les produits qu’ils consomment ne conduisent pas à épuiser les réserves forestières de la planète.
L’huile de palme, le bois, le café et le cacao sont visés par cette mesure. Des « règles de diligence raisonnée obligatoires » ont été établies pour tous les opérateurs et les marchands qui mettent à dispositions des produits sur le marché de l’UE ou exportent à partir de l’Union.
Le vice-président de l’APROCOT-CI a soutenu que ces normes visent à promouvoir et à garantir une production cotonnière durable et traçable, fondée sur le principe de l’amélioration continue ; et à améliorer le revenu des producteurs et la résilience de leurs moyens de production.
« Cette année ou l’année prochaine (2024), ce sont des projets sur lesquels il va falloir qu’on travaille », a-t-il annoncé. Cet espace a été l’occasion pour M. Kassoum Koné de sensibiliser les acteurs de la filière afin qu’ils « ne voient pas en cela une sorte de harcèlement ».
« Ce sont des choses qui sont requises de nos jours et la Côte d’Ivoire ne peut pas se mettre en marge. Aujourd’hui, on pense que c’est des propos en l’air, mais c’est des mesures qu’ils vont appliquer », a-t-il fait observer.
Si cette réglementation « n’est pas respectée (au plan local), que chacun déjà, à son niveau comprenne qu’il faut qu’il soit tracé, il faut qu’il y ait des éléments de traçabilité pour qu’on sache dans quelle condition les produits ont été exploités », a-t-il poursuivi.
« Dans la culture du coton et même dans toutes les autres cultures, la traçabilité joue un élément essentiel. Depuis le champ, on veut savoir dans quelles conditions ce coton a été produit, est-ce que ça été produit dans une aire protégée ou pas », a-t-il expliqué.
Le directeur exécutif de l’Intercoton, Jean-Baptiste Silué Siontiamma, a relevé que l’organisation s’attèle à apporter une amélioration par des innovations à la production cotonnière, avec l’appui de la recherche.
Évoquant des difficultés de la filière, le directeur exécutif de l’Intercoton, Jean-Baptiste Silué Siontiamma a souligné la forte dégradation des pistes cotonnières, indiquant qu’il est difficile de relier deux ou trois villages dans les bassins cotonniers.
De ce fait, l’Intercoton « essaie de travailler sur le reprofilage des pistes en s’appuyant sur la gestion des points critiques, notamment là où les pistes sont totalement rompues pour permettre aux producteurs de pouvoir relier les villages, les champs et les zones de commercialisation ».
Pour une compétitivité de la filière, l’Intercoton entreprend le renforcement des capacités des Organisations professionnelles agricoles (OPA), un facteur clé pour « une production solide », à travers le Guichet du FIRCA.
Mme Camara Katigué, la représentante des triturateurs, a affirmé que 380.000 litres d’huile de coton sont produits par an, en Côte d’Ivoire. Ce volume devrait connaître une croissance avec l’interdiction d’exportation de la graine de coton.
AP/APA