L’annonce officielle a été faite par un communiqué émanant du procureur général près la Cour d’Appel de Bamako.
C’est un nouveau tournant que vient de prendre le processus de paix au Mali. Le procureur général près la Cour d’Appel de Bamako a instruit le procureur de la république du pôle spécialisé de lutte contre le terrorisme d’ouvrir une enquête judiciaire contre plusieurs chefs jihadistes liés à Al-Qaïda, mais aussi des membres de la rébellion du nord malien accusés d’avoir « basculé dans le terrorisme ».
Les chefs d’accusation qui pèsent sur eux sont le fait d’appartenir à « une association ayant pour but de semer la terreur de porter atteinte à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale et à tenir l’image des forces armées maliennes ».
Certainement, les attaques lancées par la rébellion regroupée autour du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) contre plusieurs casernes de l’armée malienne avant d’avoir perdu Kidal ne sont pas indifférentes à cette situation.
En tout cas, le parquet général a qualifié ces faits d’« une extrême gravité », indiquant qu’ils sont « susceptibles de constituer des infractions présumés d’associations de malfaiteurs d’actes de terrorisme, de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme de détention illégale d’armes de guerres et de munitions et de complicité de ces mêmes faits ».
Parmi ces individus poursuivis on retrouve les acteurs de la rébellion de 2012 à l’image de Algabass Ag Intalla Bilal Ag Achérif, Ibrahim Ouled Handa, Mohamed Ag Najim, Achafagi Ag Bouhada et Housseyne Ould Ghoulam. Il y a aussi des acteurs qui étaient dans des mouvements qui soutenaient l’unité du Mali lors des négociations d’Alger en 2014 tels que Fahad Ag Almouhamoud et Henoune Ould Ali. L’enquête vise également Iyad Ag Ghali et Amadou Barry dit Amadou Kouffa, connus comme les deux dirigeants du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), filiale d’Al-Qaida au Maghreb islamique au Sahel. La liste établie par la justice malienne ne semble pas exhaustive, puisqu’elle parle sans les nommer de « tous co-auteurs et complices » qui doivent aussi répondre de leurs actes.
Cette situation marque un véritable retour à la case départ, notamment en ce qui concerne le processus de paix. En 2013, la justice avait lancé des mandats d’arrêt à l’encontre de plusieurs responsables de la rébellion de 2012 dont figuraient déjà Bilal Ag Acherif, Algabass Ag Intalla, Iyad Ag Ghali. Des mandats qui ont été levés pour les deux premiers en 2013 après des engagements à prendre part au processus de paix. Reste à savoir si ces nouvelles charges ne vont pas les radicaliser dans le maquis.
MD/ac/APA