La Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples plaide pour le rétablissement au Sénégal de « l’ordre et la stabilité » et la préservation de « la démocratie et la paix ».
Au Sénégal, l’élection présidentielle, censée se tenir le 25 février 2024, a été reportée au 15 décembre 2024 après l’abrogation le 3 février par le chef de l’État Macky Sall du décret portant convocation du corps électoral et l’adoption à l’Assemblée nationale le 5 février d’une proposition de loi portant création d’une Commission d’enquête parlementaire.
Celle-ci a été demandée par les députés du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) selon qui la candidature de Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade (2000-2012), a été invalidée par le Conseil constitutionnel dans des circonstances troubles.
Si les sept sages ont expliqué leur décision par la double nationalité (sénégalaise et française) de Karim Wade au moment du dépôt de sa candidature, le PDS a accusé les juges Cheikh Ndiaye et Cheikh Tidiane Coulibaly d’avoir été corrompus.
Depuis le report du scrutin, la situation est très tendue. Au cours de manifestations, l’étudiant Alpha Yoro Tounkara (22 ans), le commerçant Modou Guèye (23 ans) et l’élève Lamine Camara 16 ans) sont respectivement morts à Saint-Louis (Nord), Dakar (Ouest) et Ziguinchor (Sud).
La Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, dans un communiqué reçu ce jeudi à APA, a exprimé sa profonde inquiétude en raison notamment de « la suspension d’Internet mobile, de la répression des manifestations pacifiques par les forces de l’ordre avec usage abusif de gaz lacrymogènes et des arrestations dont celles de journalistes ».
Poursuivant, elle a condamné « l’usage de la violence tant de la part des manifestants que des forces de l’ordre » et exhorté « ces dernières à éviter tout recours à la force létale et à mettre en œuvre les Lignes directrices pour le maintien de l’ordre par les agents chargés de l’application des lois lors des réunions en Afrique (2017) ».
Dans le même ordre d’idées, la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples a rappelé que « le droit à la vie est protégé par la Charte africaine (article 4). Il en est de même pour le droit d’accès à l’information et la liberté d’expression qui sont également consacrés par l’article 9 de la Charte ainsi que dans la Déclaration de Principes sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique (2019) ».
En outre, a-t-elle indiqué, « le droit à la liberté de réunion et de manifestation est aussi prévu par l’article 11 de la Charte africaine ».Ainsi, l’État du Sénégal a été invité « à garantir et protéger l’ensemble de ces droits, en vertu de ses obligations vis-à-vis de la Charte africaine et des autres instruments internationaux et régionaux des droits de l’Homme auxquels il est partie ».
Le gouvernement sénégalais, enfin, est encouragé « à engager toutes les mesures nécessaires pour rétablir l’ordre et la stabilité, et préserver la démocratie et la paix. Toutes les parties prenantes (sont priées) de se concerter et dialoguer dans le respect des principes de l’État de droit ».
ID/te/APA