L’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, qui dément n’avoir jamais « braqué la Bceao », évoque les relations entre la banque centrale et des pays membres de l’institution financière.
« Les jeunes gens de l’AES (Alliance des États du Sahel, regroupant le Mali, le Niger et le Burkina Faso) ont déjà lancé leur monnaie. C’est déjà prêt, c’est où le lieu de fabrication qui est en train d’être décidé, mais nous allons voir », a déclaré Laurent Gbagbo.
Laurent Gbagbo s’exprimait, ce samedi 6 avril 2024, à l’occasion de la deuxième édition de la Fête de la Renaissance organisée par sa formation politique, le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI, opposition), à Agboville, dans le Sud ivoirien.
« Voyez-vous, petit-à-petit les gens sont en train de couper (le pont) avec Dakar. Je vous le dis, tous les pays lâcheront le FCFA. Avant on avait peur », a laissé entendre Laurent Gbagbo, faisant savoir que son « premier livre sur le FCFA était en 1984 ».
« En 1984 déjà, je dénonçais le FCFA, mais en ce moment on avait peur. Mais, maintenant tout le monde sait que ce n’est pas bon. Mais je vous dis, regardez d’ici à 10 ans, vous verrez qui est encore à la Bceao de Dakar », a-t-il lancé.
Pour lui, « les gens vont quitter un à un » la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Il expliquera pourquoi il a d’ailleurs rompu les liens entre la banque centrale et l’Etat de Côte d’Ivoire dans le contexte de la crise postélectorale ivoirienne de 2010-2011.
« Les gens qui disent que Gbagbo a braqué une banque, non seulement c’est faux mais ils mentent », s’est-il insurgé, avant d’ajouter « s’ils veulent m’accuser, qu’ils m’accusent d’avoir nationalisé deux banques françaises (…) et d’avoir quitté la Bceao de Dakar ».
« Sur cette question de braquage, dont on m’accuse, j’ai demandé aux responsables de mon parti de présenter tout le déroulé de l’action économique et bancaire, et d’ici mardi, nous allons publier ça dans les journaux en Côte d’Ivoire, pour que chacun lise et se fasse son opinion », a-t-il annoncé.
« Quand j’étais en prison à la Haye, ils me font un procès ici (en Côte d’Ivoire) et puis on parle de braquage de la Bceao. Moi Gbagbo ? Braquer une banque ? C’est manger qui me manque ? », a-t-il ironisé.
Selon l’ancien président ivoirien, « ils savent très bien que ce que j’ai fait, ils ne peuvent pas le dire. Parce que s’ils veulent me reprocher quelque chose, il faut qu’ils disent Gbagbo a nationalisé deux banques françaises en Côte d’Ivoire. C’est ça qui est la vérité ».
« S’ils disent cela, ils savent que les Ivoiriens vont aimer. Sinon ils peuvent dire aussi, Gbagbo a coupé avec la Bceao-Dakar et qu’il a pris son autonomie en Côte d’Ivoire au niveau de la banque centrale, mais ça aussi ils ne peuvent pas dire maintenant parce que c’est ça l’AES est en train de faire actuellement. Et il y a beaucoup d’Africains qui veulent faire ça », a-t-il poursuivi.
« Oui, j’ai quitté Dakar et érigé notre succursale de la Bceao en Banque centrale. Mais, j’ai été le premier parmi tous ceux qui vont suivre. Plusieurs feront ça. Donc, ils ne peuvent pas dire ça. Ils n’ont plus eu d’autres ressources que de m’arrêter », a souligné M. Gbagbo.
L’ancien chef de l’Etat ivoirien a rappelé qu’« ils ont d’abord commencé à menacer l’ex-gouverneur de la Bceao, Dakoury Henri, qui leur a répondu que depuis quand la Bceao s’occupe du règlement des problèmes électoraux (présidentielle) dans un pays ? ».
Ensuite, « le gouverneur par intérim qui l’a remplacé nous jouait des tours, faisant en sorte que la Côte d’Ivoire (qui pèse 40% dans l’Uemoa) n’ait pas à sa disposition les sommes d’argent dont elle avait besoin. J’ai donc dit que ce n’était pas possible et j’ai coupé le pont avec Dakar », a-t-il révélé.
« Et j’ai pris la succursale de la Bceao en Côte d’Ivoire comme notre Banque centrale. De ce fait, tout ce que nous gagnons était mis directement dans notre propre Banque centrale. Et c’est donc avec ce système que nous avons continué à payer les fonctionnaires », a-t-il expliqué.
« Je n’ai pas braqué, mais sinon on sait qui a braqué l’argent de la Bceao. L’agence de la Bceao à Man (ouest) a été braquée, celle de Korhogo (nord) et de Bouaké (centre) ont été braquées pendant la rébellion (de 2002). Où est passé l’argent ? », a-t-il dit.
AP/APA