Pourquoi le président du Sénégal a invité des citoyens ordinaires, dont des vendeuses de légumes, à voyager avec lui lors de sa récente tournée à l’étranger ? Explications dans cet article initialement publié dimanche 16 février 2020 par le célèbre quotidien arabophone de Londres Al Sharq Al Awsat.
Ce n’est pas tous les jours que cela arrive, en Afrique notamment : un maire d’une petite commune rurale, de simples vendeuses de légumes dans les quartiers populaires de Dakar et un professeur de Philosophie adepte d’Emmanuel Kant ont été choisis par le président du Sénégal, Macky Sall, pour l’accompagner lors de sa récente tournée à l’étranger oùil a visité plusieurs pays.
Par ce geste rare, l’idée toute simple que le chef de l’Etat sénégalais veut expliquer est que l’avion présidentiel est un outil de travail, entretenu grâce à l’effort financier du contribuable sénégalais.
Et puisque tel est le cas, les citoyens ordinaires n’ont-ils pas le droit de profiter de ce qu’ils payent ? Grâce à deux voyages à l’étranger avec le président Macky Sall dans son avion, les vendeuses de légumes ont pu découvrir les produits et les marchés asiatiques.
Au cours de cette expérience unique qui pourrait changer à jamais leur vie, ces femmes sénégalaises ordinaires ont pu importer, dans l’avion présidentiel, de nouvelles marchandises et acquérir de nouvelles expériences dans le commerce.
Le maire de la commune rurale, située à la frontière sénégalo-mauritanienne, qui a été impressionné par la mégapole d’Abu Dhabi, a pu découvrir des prototypes de gestion de grandes villes modernes.
Des modèles dont il a beaucoup appris, lui, le maire d’une petite commune rurale dont la population est à majorité composée d’agriculteurs et d’éleveurs, pour mettre en œuvre de nouvelles idées qui pourraient améliorer le quotidien de ses administrés.
Quant au philosophe, qui a grandi dans le sillage de la famille du premier président du pays, le grammairien et poète Léopold Sédar Senghor, il a pu achever son nouveau livre, après avoir assisté à un colloque sur le dialogue des civilisations.
Un colloque organisé par le Forum de la paix, dans un hôtel qui surplombe la bordure d’un fleuve, situé au centre d’une tempête qui secoue le monde aujourd’hui, sous forme de guerres pour l’hégémonie économique et politique.
Cette tempête cache une lutte entre des civilisations qui ont rompu toute forme de dialogue. Elle a inspiré le philosophe venu à bord de l’avion présidentiel pour parachever les dernières feuilles de son livre.
Macky Sall ne croit pas au populisme dans l’exercice de la politique ou du pouvoir. Pendant les huit ans qu’il est à la tête de son pays, il s’est refusé d’emprunter la voie de son prédécesseur Abdoulaye Wade, la voie « khadafienne », du nom de l’ancien leader libyen Mouammar Kadhafi, aujourd’hui disparu.
Macky Sall est aux antipodes de son prédécesseur. Il privilégie le calme, la patience et l’examen des moindres détails de toute action avant la prise de décision qu’il juge adéquate. Un comportement qui lui a permis d’éviter à son pays d’entrer dans des conflits inutiles.
Le chef de l’Etat sénégalais a pu se tailler un modèle unique dans l’histoire de son pays dans l’exercice du pouvoir, malgré la grande estime qu’il voue aux trois anciens présidents qui l’ont précédé. Des témoignages d’égards qui apparaissent toujours dans ses propos et ses discours.
Il s’appuie dans ses prises de décisions sur le patrimoine et les traditions sénégalaises du pouvoir, en y ajoutant une touche de jouvence personnelle tournée vers l’avenir. Il voit, à travers les jeunes dirigeants des pays du Golfe arabique, un modèle de leadership où l’intérêt du peuple est au-dessus de toute considération, prenant pour exemple Mohamed Ibn Zayed qui a su transformer son pays en un modèle de développement unique en son genre et Mohamed Ben Salmane qui a transformé l’Arabie Saoudite.
Macky Sall, qui préside depuis huit ans l’initiative mondiale pour le développement de l’Afrique, œuvre pour une transformation radicale du continent à travers la création de partenariats multiples et diversifiés qui profiteraient des expériences diverses, en commençant de là où les autres se sont arrêtés.
Il est l’un des nouveaux dirigeants africains qui appellent à dépasser l’époque où le continent tendait la main pour recevoir des aides vers une nouvelle étape : celle d’un partenariat gagnant-gagnant pour tous.
Macky Sall rejette fortement ce concept qui dit que «l’Afrique est l’avenir », lui préférant celui qui fait de l’Afrique « le présent ». Le monde entier est désormais présent sur ce continent, plein de richesses et de projets.
Un continent encore en construction et qui affiche le taux le plus élevé au monde en termes de croissance économique. Un continent qui, malgré les affres des guerres dans certaines de ses régions, est capable de connaître une renaissance économique importante dans beaucoup de régions.
Macky Sall défend âprement ses rêves pour une renaissance africaine globale, sans perdre de vue que la réalisation d’un tel rêve n’est pas facile. Il est indispensable pour cela, estime le chef de l’Etat sénégalais, que se consolide la bonne gouvernance dans la gestion des affaires des pays du continent.
Lui qui avait dit, dans un discours à l’adresse des Sénégalais qu’il poursuivra sans relâche la politique de la bonne gouvernance, rejetant les pressions politiques par rapport à ses décisions relatives à la lutte contre la corruption et la mauvaise gestion.
Le président Macky Sall estime que la bonne et efficace administration de la chose publique en Afrique est le meilleur moyen qui permet une meilleure gestion des ressources et un plus grand financement pour la renaissance attendue.
Cependant, le plus important pour lui est que les pays africains soient des partenaires sérieux sur le plan international. Un partenaire qui représente, avec honnêteté et dévouement, les peuples du continent et qui traduit fidèlement le rêve de la jeunesse majoritaire en Afrique.
En plus de la bonne gouvernance et l’établissement de partenariats solides, Macky Sall a, à l’esprit, les crises sécuritaires qui secouent le continent pour lesquelles, celui-ci a la possibilité de leur trouver des solutions.
Pour parvenir à cette renaissance africaine, le président Macky Sall estime qu’il faut inéluctablement trouver des solutions africaines aux problèmes du continent, un impératif selon lui. Il est convaincu que des solutions extra-africaines à ces problèmes vont ouvrir la porte aux interventions étrangères, ce qui ne veut pas dire le rejet des partenariats, car l’Afrique cherche des partenaires sérieux dans les domaines du développement, de la sécurité et de la politique. Mais elle refuse la présence sur son sol d’acteurs qui rejettent le principe du partenariat gagnant-gagnant.
Les pays du Golfe arabique, et particulièrement l’Arabie Saoudite et les Emirats Arables Unis constituent, selon le président sénégalais, des partenaires stratégiques pour son pays et de véritables acteurs capables de contribuer, pour une grande part, à cette renaissance africaine espérée.
Macky Sall porte une grande estime aux idées dont sont porteurs Mohamed Ibn Zayed et Mohamed Ibn Salmane et qui se recoupent avec la même vision qui est celle de ce fils du «Sine », ce Sénégal profond, berceau de la civilisation du pays.
Le président sénégalais croit fermement qu’observer les expériences d’autres pays et d’autres régimes, dont les dirigeants ont réussi d’importantes réalisations sur la voie du développement et de la prospérité, fera gagner au continent africain davantage de temps et d’efforts pour réussir la bataille du développement et du progrès.
C’est du reste pour cela que le président Macky Sall a voulu faire de l’avion présidentiel autre chose qu’un moyen de voyage pour lui tout seul, mais plus que cela. En invitant trois modèles différents de citoyens sénégalais ordinaires au cours de sa récente tournée à l’étranger, le chef de l’Etat sénégalais a voulu faire de son avion un moyen pour véhiculer les expériences dans le domaine du développement économique entre les peuples et l’échange d’idées entre les différentes cultures.
AMB/APA