Au Sénégal, les femmes demeurent « la cheville ouvrière » de la transformation des céréales locales malgré la crise de la Covid-19.
Comme plusieurs pays africains, le Sénégal a été éprouvé par la pandémie de Covid-19 dans sa quête de souveraineté alimentaire. Depuis son accession au pouvoir en 2012, le président Macky Sall en a fait l’un de ses chevaux de bataille même si le chemin est encore long. Ce mardi 14 mars à Dakar, l’Initiative prospective agricole et rurale (Ipar) a mis en exergue des recherches effectuées sur les implications de la crise sanitaire pour pointer du doigt les obstacles au renforcement du « consommer local » sénégalais.
« C’est un projet qui a duré un peu plus de deux ans. Pendant cette période, nous avons réfléchi sur l’impact de la Covid-19 sur les chaînes de valeur de céréales locales (mil et maïs) que nous avons tenté de renforcer. Ce qui est revenu de la part des acteurs, c’était l’accès aux marchés institutionnels », a expliqué Laure Tall, directrice de recherches à l’Ipar, au cours d’un atelier organisé mardi en marge de la Foire internationale de l’agriculture et des ressources animales (Fiara), à Dakar.
Elle explique que « la pandémie a causé des diminutions de la production et de l’accessibilité », précisant que « ce n’est pas partout au Sénégal.» « Les zones les plus productives ont ressenti moins d’impact », a souligné Mme Tall, notant une « augmentation des prix » des céréales qui « affecte l’ensemble des ménages et consommateurs sénégalais ».
Ce projet, intitulé « Promotion du consommer local à travers la valorisation des céréales locales et la connexion aux marchés », est financé par la Fondation de France et du comité français pour la solidarité internationale (CFSI) dans le cadre du programme de la Promotion de l’agriculture familiale en Afrique de l’ouest (Pafao).
L’objectif de cette initiative piloté par le laboratoire de recherches ouest-africain est de promouvoir le consommer local à travers la valorisation du mil et du maïs, parmi les principales céréales consommées par les Sénégalais. Elle vise aussi à améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations et renforcer la connexion entre l’offre des produits locaux à base de céréales et la demande des marchés institutionnels (hôpitaux, écoles, maisons d’arrêt, universités, orphelinats, etc.).
Laure Tall est convaincue que, pour atteindre la souveraineté alimentaire, il faut « appuyer les producteurs et les entreprises des transformateurs ». Dans cet objectif du gouvernement du Sénégal matérialisé à travers « une stratégie lancée en janvier » dernier, « les marchés institutionnels sont une option », a-t-elle souligné.
En outre, dans la transformation des céréales locales, Mme Tall fait remarquer que les femmes constituent « la cheville ouvrière ». C’est pourquoi la plupart des intervenants, à l’image du coordonateur de la cellule d’appui technique du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR) du Sénégal, El Hadj Thierno Cissé, ont demandé au gouvernement de soutenir ces « actrices principales » de la promotion du « consommer local », une « question prioritaire » au Sénégal.
Toutefois, le représentant du ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants a rappelé la mise en place de mécanismes de financement pour soutenir les projets d’entreprenariat des Sénégalaises. « Il y a des mécanismes au niveau du ministère à l’image du Fonds koweïtien, à hauteur de trois milliards de francs CFA, réservé exclusivement aux femmes. Le financement des activités de transformation des produits locaux est une priorité de notre département », a-t-il signalé.
ODL/ac/APA