Le Premier ministre, Saleh Kebzabo a annoncé un couvre-feu suite aux manifestations meurtrières de ce jeudi dans plusieurs villes du pays dont la capitale, N’Djamena.
Le chef du gouvernement tchadien a informé que le couvre-feu va de 18 h à 6 h du matin. Il sera maintenu jusqu’au « rétablissement total de l’ordre » à N’Djamena, Moundou, Doba et Koumra qui ont été ce jeudi le théâtre de violentes manifestations contre la prolongation de la durée de la transition, a précisé Saleh Kebzabo.
Des sources médiatiques rapportent que le Premier ministre de transition, Saleh Kebzabo a, dans la foulée, annoncé la suspension de toutes les activités des partis politiques Les Transformateurs, le Parti socialiste sans frontières (PSF) et Wakit Tamma.
« Des poursuites judiciaires seront engagées » contre les leaders de ces formations politiques, a promis le chef du gouvernement, qui dénonce une « insurrection visant à prendre le pouvoir par la force au lieu d’une marche ».
Il a fait état d’un bilan provisoire d’une cinquantaine de morts, alors que plus tôt dans la journée, le porte-parole du gouvernement, Aziz Mahamat Saleh, parlait d’une « trentaine » de personnes tuées, dont une « dizaine » de membres des forces de sécurité.
Réagissant à ces manifestations, le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) a condamné les tueries de manifestants survenues dans ce pays d’Afrique centrale.
Dans un communiqué, « le Fact condamne fermement ces meurtres des manifestants pacifiques dont le seul crime est d’avoir fait usage de leur droit constitutionnel de manifester ». Pour le groupe politico-militaire tchadien, « les auteurs de ces crimes doivent être identifiés et traduits en justice ».
Dans sa note, le groupe rebelle dirigé par Mahamat Mahdi Ali, opposant de longue date au régime du défunt Idriss Déby Itno, lance un appel à la communauté internationale afin qu’elle soutienne le peuple tchadien dans sa lutte en quête de liberté et de démocratie « face à une junte qui a renié ses engagements qui lui ont permis d’échapper aux sanctions internationales en rompant l’ordre constitutionnel ».
Le Fact affirme qu’il continuera de suivre de très près la situation tout en réaffirmant « son soutien sans réserve au peuple tchadien en lutte et salue sa mobilisation générale qui a définitivement fait changer la peur de camp ». L’Union africaine et le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères ont également condamné les violences meurtrières.
Des partis de l’opposition et des organisations de la société civile avaient appelé à des manifestations, en protestation à la prolongation de la transition décidée samedi 8 octobre par le Dialogue national inclusif et souverain (DNIS).
Celle-ci permet au général Mahamat Idriss Déby Itno, arrivé au pouvoir en avril 2021 après la mort du maréchal Idriss Deby dans une contre-offensive de l’armée contre les rebelles du Fact, de se maintenir au pouvoir pour 24 mois supplémentaires. Les conclusions de ces concertations nationales offrent également à Deby fils la possibilité de se présenter à la prochaine élection présidentielle.
ARD/te/APA