Le leader du Front populaire ivoirien (FPI, allié au pouvoir), Pascal Affi N’Guessan, a martelé ce vendredi 24 novembre 2023 que la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire a été « bâclée », à l’ouverture du 2e Congrès ordinaire du Cojep, tenu à Yopougon, dans l’Ouest d’Abidjan.
La réconciliation nationale « ne sera pas achevée tant que le président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, n’auront pas retrouvé la plénitude de leurs droits civiques et politiques », a affirmé le président du FPI, Affi Nguessan, lors d’une allocution.
Pour lui, accusés de crimes contre l’humanité suite aux violences perpétrées lors de la crise post-électorale ivoirienne de 2010-2011, M. Gbagbo et Blé Goudé ont été « innocentés » par la Cour pénale internationale (CPI), de ce fait, ils devraient jouir de tous leurs droits.
« Ils ont, l’un et l’autre, passé une décennie de leur vie d’homme en prison. Dans ce contexte, quel serait le sens de maintenir à leur encontre une condamnation de 20 années, pendant que l’on parle de tourner la page du passé ? », s’est-il interrogé.
Affi N’Guessan estime qu’au nom de la réconciliation, l’ancien président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, son co-accusé, chef du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep, opposition) doivent « redevenir des citoyens ivoiriens à part entière ».
En outre, « au nom de la réconciliation, tous les militaires emprisonnés depuis 2012 doivent être libérés et la question des prisonniers de guerre doit être définitivement résolue », a-t-il soutenu, ajoutant que « toutes les victimes doivent enfin être reconnues et indemnisées ».
Il a relevé que toute la vérité doit être dite sur les origines et les responsabilités des crises en Côte d’Ivoire. Par ailleurs, son parti, le FPI, observe avec « une grande attention les pérégrinations de Guillaume Soro auprès des juntes militaires de la sous-région ».
Guillaume Soro a annoncé qu’il mettait fin à son exil en vue de son retour en Côte d’Ivoire. « Les Ivoiriens l’attendent ; car en tant que chef de l’ex-rébellion armée qui a endeuillé le pays, il doit rendre des comptes à la Nation ivoirienne au nom de la réconciliation nationale », a déclaré M. Affi.
L’ex-Premier ivoirien, Guillaume Soro, doit « rendre des comptes », car il ne s’agit pas de demander pardon sur les réseaux sociaux ou dans des médias internationaux. « C’est faire acte de repentance pour tout le mal causé à notre pays, c’est le faire lors d’une cérémonie solennelle », a-t-il poursuivi.
Lors du dernier remaniement du gouvernement, « le président de la République, Alassane Ouattara, n’a pas jugé utile de conserver un ministère dédié à la réconciliation nationale, considérant certainement que la question ne se posait plus », a-t-il fait remarquer.
« Notre appréciation sur la réalité de la réconciliation est différente. Nous allons proposer au RHDP (pouvoir) l’organisation d’un séminaire national pour dresser le bilan de la réconciliation, identifier ses limites, confronter nos analyses et nos propositions d’approfondissement », a annoncé M. Affi.
« Dans un partenariat, l’une des parties ne peut décider de tourner une page sans que l’autre l’ait lue. C’est la Nation tout entière qui doit en réalité tourner la page du passé pour construire un avenir partagé », a-t-il conclu.
AP/APA