Candidate indépendante à l’élection des conseillers municipaux à Koumassi, dans le Sud d’Abidjan, Mme Adjaratou Traoré veut construire dans une vision participative, une « commune famille ».
La députée ivoirienne, Adjaratou Traoré, qui n’a pas obtenu le parrainage de son parti, le Rhdp, formation politique présidée par Alassane Ouattara, dit s’être engagée dans la course aux municipales du 2 septembre 2023 en tant que citoyenne, lors d’une conférence de presse ce mercredi 30 août 2023.
Pour elle, « c’est l’heure du changement ». Adjaratou Traoré veut transformer cette cité qui l’a vu naître et grandir et qui l’a vu se construire, car il est temps de témoigner « ce lien affectif et de sang » qu’elle a avec la commune pour la servir et participer à son développement.
« J’aime la Côte d’Ivoire, je suis citoyenne ivoirienne et c’est ce droit que j’ai mis en exergue à travers ma candidature, bien que n’ayant pas été choisie ou n’ayant pas eu l’onction de mon parti, c’est en tant que citoyenne ivoirienne que je me suis présentée à ces élections », a-t-elle expliqué.
« Je suis Rhdp, je suis suspendue temporairement, mais ça veut dire que je dois revenir. C’est temporaire, mais quand on a fini ce processus électoral, je pense que je viendrais à ma place et continuer mes activités de militante », a affirmé la députée Adjaratou Traoré.
Elle se dit « très rattachée à l’idéal et à la vision » du Rhdp, mais ne milite pas dans le parti « parce que quelqu’un occupe un poste, je suis au Rhdp parce que j’ai intégré un idéal, une vision qui est le vivre ensemble, le rassemblement, la démocratie et l’égalité pour tous ».
Concernant la campagne électorale, la candidate indépendante a relevé que « tous les sites sont occupés ». Et, ayant saisi la préfecture de police, on l’a ramené au maire sortant, Cissé Bacongo, mais sa requête auprès de la municipalité n’a pas eu de suite.
Adjaratou Traoré estime que la gestion du foncier urbain à Koumassi est « source de plusieurs conflits, de frustrations et de déshumanisation d’une frange de la population ». Ce chapitre, dans son projet de société, va consister à « actualiser le foncier communal par la mise en place d’un Comité spécialisé de gestion ».
Il s’agit de restaurer et de protéger les droits fonciers acquis par les populations, surtout des quartiers dits précaires, de veiller à la saine et juste occupation du domaine public et de gérer les différents contentieux liés au foncier, a-t-elle fait savoir.
Indexée d’avoir recruté des individus pour perturber la campagne du maire sortant, Adjaratou Traoré a fait observer que, certes son QG est proche du terrain Inch’Allah où se tenait la campagne de lancement du Rhdp, mais aucun de ses militants n’était présent sur les lieux.
« On était parti pour notre procession à l’intérieur du quartier, on avait tous les commissaires avec nous et on avait deux unités de police à notre QG, donc comment expliquer que des enfants vont quitter notre QG pour aller à un meeting et les affronter. C’est quand même gros », s’est-elle insurgée.
Selon elle, c’est un acte des enfants en conflit avec la loi. D’ailleurs, en 2018, malgré qu’elle soit du Rhdp, son QG a été attaqué « par ces enfants et à la tête, le maire sortant (qui) était là. Il était à la tête du convoi de ces jeunes ».
« Aujourd’hui, quand tu as l’effet boomerang, tu ne cherches pas des responsables ailleurs. En réalité, ce qui s’est passé, c’est qu’il y a deux gangs, chacun ayant un leader et il a essayé de mettre ces gangs ensemble par rapport à la campagne et ils ont refusé, compte tenu que chacun veut marquer son territoire », a-t-elle rapporté.
Par la suite, « les deux gangs se sont retrouvés face à face au lancement de la campagne (du Rhd) et l’un ayant provoqué l’autre, ils se sont affrontés et on dit que c’est Adjaratou, ce n’est moi, ce n’est pas ma nature et c’est pour cela que nous voulons prendre les rênes de notre commune », a-t-il lancé.
Seule femme candidate face à quatre hommes, elle veut marquer la différence. La députée juge « qu’il ne s’agit pas de faire des discours pour dire que nous voulons des femmes en politique, pendant que sur le terrain les femmes sont durablement attaquées ».
Dans son engagement, Adjaratou Traoré rapporte avoir obtenu le soutien des organisations féminines. Le plus difficile, dit-elle, « était le maintien de ma candidature, parce qu’en tant que femme nous subissons plusieurs violences surtout en politique ».
« La violence n’est pas seulement physique, mais il y a la violence morale qui pèse beaucoup sur nous, mais nous avons tenu pour faire face à toutes ces violences parce que pour nous, le leadership féminin doit pouvoir avoir sa place en Côte d’Ivoire », a-t-elle déclaré.
AP/APA