L’ONG Mouvement Colombe ivoire, engagée dans la défense des personnes impactées par le projet du Métro d’Abidjan, demande la suspension de l’opération de déguerpissement.
« Nous voulons faire un contre-recensement pour nous rassurer que ceux qui sont sur la base de données sont réellement là, parce qu’il y a des cas de fraude », a déclaré le 24 août dernier, Sylla Sekou, le président fondateur de l’ONG Mouvement Colombe ivoire.
Il souhaite « la suspension totale et immédiate de toutes les opérations de démolition et de déguerpissement afin de prendre toutes les dispositions qui s’imposent ».
« Pour nous, il faut aider l’Etat à réussir sa mission, en indemnisant les populations », a soutenu M. Sekou, qui estime qu’il faut indemniser avant que les personnes se trouvant sur les emprises ne partent.
Loukou Yao, le représentant des impactés d’Adjamé, une cité située dans le Nord d’Abidjan, confie que « c’est le calvaire » après les déguerpissements, car plusieurs habitants n’arrivent pas à se reloger facilement.
« Le sacrifice, c’est de partir, mais le minimum c’est de nous faire partir dans le respect des droits de l’Homme », a soutenu Loukou Yao, lors d’une conférence de presse, qui a réuni également des personnes déguerpies ou impactées.
Plusieurs personnes impactées, notamment indemnisées, ont rapporté que le montant d’aide au relogement est « insuffisant ». Dr Max Yesso, inspecteur au ministère ivoirien de l’Environnement, représentant le ministre, a rassuré que les engagements pris par l’Etat seront respectés.
Il a fait observer que beaucoup de personnes déguerpies et indemnisées jugent l’accompagnement financier insignifiant parce qu’elles n’ont pas de titre foncier. Il a souligné que le cadastre a mis à jour la valeur des terrains à Abidjan avec des coûts précis au mètre carré.
Le représentant du ministère de l’Environnement a indiqué que jusqu’aujourd’hui, des déguerpis du pont Henri-Konan-Bédié, le 3e pont, au niveau de Marcory, dans le Sud d’Abidjan, continuent d’être indemnisés grâce à des fonds logés dans un compte séquestre.
Pour améliorer la mobilité, la fluidité du trafic urbain et développer le transport en commun, l’Etat ivoirien a entrepris de construire diverses lignes du Métro dont la ligne 1, reliant la commune d’Anyama à celle de Port-Bouët, en passant par celle d’Abobo, d’Adjamé, du Plateau et de Treichville.
Pour la réalisation de ce projet, le gouvernement a déclaré par décret le périmètre des emprises ferroviaires d’utilité publique. De ce fait, les personnes impactées ainsi que les biens immobiliers, habitations, commerces, ateliers ou édifices religieux, ont été recensés.
Un Comité de suivi est chargé de la supervision de la mise en œuvre du Plan d’action de réinstallation. Suite à un appel à candidature, une ONG a été retenue par l’Etat afin de défendre le droit des personnes impactées par le projet du Métro d’Abidjan.
AP/te/APA