Le ministère des Eaux et forêts a signé ce jeudi 20 juillet 2023, à Abidjan, un protocole avec le consortium Leiff et Aets Afrique, en vue de la réalisation d’une étude de faisabilité pour la réhabilitation de forêts classées.
Ce protocole, paraphé par le ministre de tutelle Laurent Tchagba, et ce consortium, devrait permettre de restaurer les forêts classées de Fengolo (12.000 ha, Nord ivoirien) et de Yani (10.675 ha) en vue de la génération de crédits carbones.
Le projet est prévue sur une période d’un an. L’étude préliminaire révèle que ces deux forêts classées comprennent des collines, une infiltration moyenne, la présence de plantation d’anacarde, une activité d’élevage de bovins et des reliques forestières.
Selon le protocole, le ministère a pour « obligation » d’assurer le suivi opérationnel des activités du Consortium LEIFF-AETS AF à travers la Société de développement des forêts (SODEFOR) de Côte d’Ivoire, et de valider le cahier des charges de l’étude proposé par le consortium.
En outre, le ministère des Eaux et forêts devra « mettre à la disposition du consortium LEIFF-AETS AF, dans le cadre d’une Convention spécifique, la ou les forêts classées retenues au cas où les résultats de l’étude de faisabilité permettent de créer un puits de carbone ».
Cela devrait permettre de faciliter les négociations entre les parties en vue de la signature d’une ou de plusieurs Conventions de concession au cas où les résultats de l’étude de faisabilité s’avèrent concluants, souligne le protocole.
De son côté, le consortium LEIFF – AETS AF s’est engagé à rédiger le cahier de charges de l’étude et de le faire valider par le ministère au plus tard deux mois après la signature du protocole et à réaliser l’étude de faisabilité conformément au cahier des charges.
AETS Afrique est une plateforme technique ivoirienne, dédiée à la transition bas carbone et spécialisée sur l’aménagement forestier. LEIFF, lui, est un fonds d’investissement britannique dédié aux solutions basées sur la nature, le crédit carbone et l’environnement durable.
Olivier Kergall, directeur Afrique de AETS, a indiqué que le projet intègre un volet communautaire dans sa mise en œuvre ainsi que des actions d’agroforesterie et de conservation. Il renseignera que le projet vise aussi à créer des emplois autour de la vie rurale.
William Turner, représentant de LEIFF, a fait savoir que depuis 2021, il est procédé à l’élaboration d’un modèle holistique prenant en compte l’agro-sylvo-pastoral et socio-économique en vue de créer des emplois en milieu rural.
Ce projet devrait permettre d’accompagner les objectifs de l’Etat ivoirien. Pour lui, « il faut qu’ils soient atteints avant 2030 » selon l’agenda du pays, car la « reforestation est indispensable pour la vie humaine et animale, la planète et l’environnement », dans l’élan du concept ONE Health.
« C’est un rêve qui devient une réalité pour moi », a confié Laurent Tchagba, dont l’ambition était d’avoir l’appui de AETS AF et de ses expériences dans ce projet. Il s’est réjoui de ce que les études préliminaires ont été bien menées conduisant à cette signature de protocole d’accord.
Laurent Tchagba a relevé que la Côte d’Ivoire qui avait, à l’époque, une capacité de 16 millions d’hectares de forêts, compte aujourd’hui moins de 3 millions d’ha. Pour ce faire, le pays a mis en place un système qui devrait permettre de restaurer en 2030 son couvert forestier à hauteur de 6,5 millions d’ha.
L’Etat, poursuivra-t-il, a élaboré un schéma qui consiste à faire appel au secteur privé pour apporter sa contribution dans la lutte contre la déforestation et surtout à la mise en œuvre de plans d’aménagements pour permettre à la Côte d’Ivoire de retrouver son couvert forestier.
Le gouvernement a identifié 86 forêts classées à l’effet de pouvoir réhabiliter ces forêts. Laurent Tchagba renseignera que le schéma proposé s’articule autour de deux stratégies : la stratégie de séquestration de carbone et celle de l’agroforesterie.
La Côte d’Ivoire a perdu plus de 90% de son couvert forestier. Le pays, selon le dernier inventaire de sa forêt, dispose de 9,2% de forêts. La politique de l’Etat ivoirien vise à porter le couvert forestier à 20% d’ici à l’horizon 2030 avec le planting de 3 millions d’hectares de forêts
AP/APA