Sébastien Dano Djédjé, chef de la délégation du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), parti de Laurent Gbagbo, a claqué ce samedi 20 mai 2023 la porte, lors d’une réunion de présentation de la liste électorale provisoire de 2023 aux partis politiques.
Cette rencontre visait notamment à remettre le listing électoral provisoire aux partis et à leur présenter les résultats de l’opération de révision de la liste électorale dont le processus s’est déroulé du 19 novembre au 20 décembre 2022.
Dano Djédjé, a à l’entame des échanges avec le président de la Commission électorale indépendante (CEI) dénoncé « l’exclusion » de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, le président du PPA-CI, de la liste électorale provisoire de 2023.
« Chaque fois que notre pays entre dans la phase électorale, nous vivons des moments de troubles. On dit même que les élections riment avec les troubles en Côte d’Ivoire et moi je suis de ceux qui pensent que ça ne doit pas être une fatalité, (mais) il faut qu’on fasse tout pour conjurer ce mauvais sort », a-t-il dit.
« Les Ivoiriens, dans leur ensemble, veulent que les choses se passent bien, des élections apaisées et fraternelles ». C’est pourquoi « la CEI a une forte responsabilité dans cette vision (…) mais je constate que les choses ne se passent pas comme moi je l’aurais souhaité avec mon parti politique », a-t-il déclaré.
Alors qu’on s’achemine tous vers l’organisation d’élections « inclusives, transparentes et apaisées, nous constatons que le président Laurent Gbagbo n’est pas sur la liste électorale provisoire », a-t-il fait observer. Les futures élections, les municipales et les régionales, sont fixées au 2 septembre 2023.
Il a rappelé que « M. Laurent Gbagbo a été président de la République de Côte d’Ivoire, il a été arrêté en 2011 (après la crise post-électorale), il a passé huit années en prison, il a été acquitté définitivement (par la CPI) et le 21 juin 2021 il est rentré en Côte d’Ivoire ».
De retour au pays, « il s’est levé volontairement pour aller s’inscrire sur la liste électorale. Cette phase étant réalisée, nous avons espéré voir le président Laurent Gbagbo sur la liste électorale, malheureusement son nom n’y est pas », a laissé entendre M. Dano Djédjé.
« Quand on prend les informations, il est parmi les gens qui sont radiés et cela nous rend triste, parce qu’un ancien président de la République qui de ce fait-là ne peut même pas être électeur, ne serait-ce que voter le maire de sa commune, cela nous rend triste et nous trouvons cela injuste », a-t-il ajouté.
« C’est pour cette raison que vous nous avez invité, on est venu à cette rencontre et comme nous sommes rentrés dans la phase de la liste électorale, je me dis avec ma délégation que quand c’est comme cela, ça remet en cause la crédibilité de la Commission électorale indépendante », a-t-il poursuivi.
Par conséquent, il estimera que « le processus électoral même perd sa crédibilité et cela va certainement avoir un impact sur la cohésion sociale, sur la paix durable que nous recherchons tous dans ce pays. Donc, nous on est venu ici par respect ».
A cette allure, « mon parti se refuse de s’associer à une telle injustice. C’est pour cela que nous avons décidé de nous retirer de cette cérémonie, parce que quand c’est comme cela, nous ne nous sentons pas concernés (…) continuez votre cérémonie », a-t-il martelé, avant de prendre la porte avec sa délégation.
« Peut-être que ça des avantages politiques, moi je ne suis pas politique pour en déceler les intrigues, mais je dis de façon pratique et technique il aurait fallu récupérer la liste électorale, en faire l’usage qui sied afin que demain vous soyez éligibles aux contentieux », a réagi M. Coulibaly-Kuibiert
Parlant de l’ancien président Laurent Gbagbo qui n’est pas sur la liste électorale, « on m’a prêté toute sorte d’intentions » mais « moi je ne travaille pas sous pression », a-t-il répliqué, avant d’expliquer le processus de radiation de M. Gbagbo sur le listing électoral.
« Cette année, le ministère de la justice nous a donné une liste de 11.000 personnes déchues de leurs droits civils et politiques à la suite d’une décision de condamnation devenue définitive » et le ministère de l’Intérieur a transmis de son côté une liste de 53.000 personnes décédées, a-t-il rapporté.
« Le président Gbagbo n’est pas un vulgum pecus (la masse), ce n’est pas n’importe qui, et pourquoi alors, nous on va s’acharner sur lui. Les décisions de la Commission électorale sont prises en Assemblée générale », a-t-il souligné.
« Nous ne pouvons pas être contre le président Gbagbo. C’est en 2020 que le président Gbagbo a été radié de la liste électorale (dans l’affaire de braquage de la Bceao, où il a été condamné à 20 ans de prison), ce n’est pas en 2022 », a rappelé le président de la CEI.
Cette année 2023, « c’est 517 personnes déchues de la liste électorale que nous avons sorties », a-t-il souligné, renseignant que l’avocat de M. Gbagbo a saisi la CEI pour lui demander des comptes et « nous leur avons expliqué qu’il y a une décision de justice dans laquelle M. Laurent Gbagbo est déchu de ses droits civils et politiques ».
Ensuite, le camp Laurent Gbagbo a saisi le tribunal du Plateau, le centre des affaires d’Abidjan, et « le tribunal du Plateau les a déboutés et voilà comment le président Laurent Gbagbo ne se trouve pas sur la liste électoral », a-t-il expliqué.
Pour M. Coulibaly-Kuibiert, « on ne peut pas s’en prendre à la Commission électorale qui ne fait qu’exécuter la loi. On ne s’acharne pas sur le président Gbagbo, pas du tout et pourquoi on le ferait. La CEI fonctionne sur deux règles : les règles de droit et les accords politiques ».
« Ce qui ne peut pas se résoudre juridiquement, peut se résoudre politiquement. Peut-être que c’est cet aspect qu’ils campent ce matin et qui certainement justifie leur retrait de la salle », a-t-il dit, insistant qu’ « il ne nous reviendra pas à l’idée d’être irrévérencieux vis-à-vis de lui ».
AP/APA