Abidjan a abrité, ce jeudi 8 février 2024, une rencontre de haut niveau des dirigeants du football, de la presse sportive et des légendes, sur l’élimination de la violence sexiste dans le football sur le continent africain.
Cette campagne a lieu à l’occasion de la 34e édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football (CAN 2023) que la Côte d’Ivoire accueille pour la deuxième fois de son histoire après celle de 1984. Cet événement regroupe de nombreux acteurs du monde sportif.
La CAN se révèle être un moment clé pour fédérer autour du football, les acteurs étatiques, le secteur privé et la société civile en vue d’adresser les crises sociales telles que le sexisme, le racisme, le jeunisme et d’autres discriminations.
Cette campagne trouve un écho particulier lors de cette CAN qui attire quotidiennement l’attention de millions de personnes à travers l’Afrique et le monde. Dans ce contexte, l’Alliance internationale pour l’élimination du sexisme dans le football africain, portée par la Fondation Greatfield en Côte d’Ivoire, s’engage à combattre la violence sexiste dans ce sport.
Avec l’appui de ONU Femmes Côte d’Ivoire, du Bureau de l’Unesco à Abidjan, et de plusieurs ministères ivoiriens, cette initiative entend utiliser le football comme catalyseur pour promouvoir les droits, l’autonomie des femmes et des jeunes filles, et lutter contre leur violence dans le sport.
Violence sexiste
« On désigne par violence sexiste tout acte préjudiciable commis à l’encontre d’un individu sur la base de son genre. Ces violences sont ancrées dans les inégalités de genre, l’abus de pouvoir et les normes pernicieuses », a fait observer Mme Marie Pascaline Menono, lors d’une présentation.
Marie Pascaline Menono, la consultante, a soutenu que la violence sexiste, particulièrement dans le football, constitue une violation flagrante des droits humains, exacerbée par l’inégalité de genre, la discrimination et des normes sociales nuisibles.
« Il est difficile d’en parler parce que, souvent, il y a des enjeux de carrière », a-t-elle mentionné, martelant que « la violence n’est pas acceptable ». Elle a appelé à une représentation des femmes dans les postes de direction sportive pour favoriser l’expansion de la pratique sportive féminine.
Les athlètes féminines évoluant souvent dans des milieux masculins, sont particulièrement exposés à des abus. Ce plaidoyer vise à sécuriser un engagement ferme pour des mesures inclusives et durables en vue d’éradiquer la violence sexiste.
« Nous, ONU Femmes, entité des Nations Unies pour l’égalité de Genre et l’autonomisation de la femme, adhérons à la campagne de plaidoyer pour l’élimination du sexisme dans le sport, qui s’inscrit dans l’initiative Football Unites the World », a dit Doumbia Yacouba, au nom de la représentante de ONU Femmes Côte d’Ivoire.
« Tous, en tant qu’acteurs de la société, avons l’opportunité, et j’oserais dire, la responsabilité, de transformer la culture dominée par les hommes dans le football. Cette culture, associée à un manque de transparence et une gouvernance déficiente, a trop souvent créé un environnement où la violence est tolérée et normalisée », a déclaré M. Doumbia Yacouba.
Démanteler les causes
Pour Doumbia Yacouba, l’écosystème du football a une capacité de promouvoir l’égalité des genres et à transformer les mentalités. Cette initiative vise à faire des athlètes féminines des modèles inspirants, démantelant les causes profondes de la violence sexiste.
Le directeur de cabinet Moussa Diarrassouba, représentant le ministère de la Femme, de la femme et de l’enfant, a relevé que « la violence à l’égard des femmes et des filles constitue une atteinte grave aux droits fondamentaux et est la manifestation des inégalités sociales ».
Cette situation, dira-t-il, tient les femmes et les filles dans une position de vulnérabilité, de dépendance sociale et économique qui les empêche d’exprimer leur plein potentiel. Ce sont des milliers de femmes qui sont parfois marquées à vie au nom de certaines traditions qui violent leur intégrité.
« Nous sommes souvent indignés par la persistance de ces pratiques qui se perpétuent encore trop largement dans un accord tacite, de silence avec la participation des femmes elles-mêmes qui continuent de garder le silence au nom d’une certaine pudeur ou prisonnières du poids de la tradition », a-t-il ajouté.
« Nous ne pouvons nous permettre de perdre la victoire contre la violence, nous devons aller au-delà des statistiques et des mots, car il n’est pas acceptable que certaines femmes et jeunes filles soient confrontées à une telle dureté dans leur vie quotidienne », a-t-il lancé.
Téné Aïdara, au nom du représentant pays de l’Unesco, a noté « la présence persistante de la violence sexiste » dans le football. Pour elle, l’élimination de ce phénomène est « une mission impérative qui demande l’engagement de chacun en tant que responsable ». dans la lutte contre la violence sexiste
AP/APA