L’ex-Première dame de Côte d’Ivoire, Simone Ehivet Gbagbo, présidente du Mouvement des générations capables (MGC), un parti de l’opposition, dénonce les sanctions économiques et financières imposées par la Cedeao au Niger.
« En plus de ces mesures de rétorsion drastiques essentiellement d’ordre économique et financier », la Cedeao prévoit une intervention militaire si le président déchu n’est pas rétabli dans ses fonctions au terme d’un ultimatum d’une semaine, affirme Mme Simone Gbagbo, dans une déclaration.
Au moment où une autre session extraordinaire de la Cedeao est annoncée pour le jeudi 10 août 2023 pour « réévaluer la situation suite à l’ultimatum échu le dimanche 6 août 2023, j’invite toutes les parties prenantes endogènes et / ou exogènes au Niger et à la Cedeao à faire preuve de sagesse », lance-t-elle.
Pour elle, « la position des dirigeants de la Cedeao est la même que celle qu’ils avaient prise contre le régime du colonel Assimi Goïta au Mali », tout en rappelant que la série de sanctions qui en découlent fait penser à celles qui ont été prises par cette même organisation sous régionale, sous l’instigation de la France et de l’Union Européenne, contre la Côte d’Ivoire, pendant la crise postélectorale de 2010-2011.
« L’on avait alors, au nom de prétendues règles démocratiques à respecter, poussé à son comble le cynisme politique en imposant au peuple ivoirien un embargo sur les médicaments importés. Plusieurs personnes perdirent la vie. Tout cela s’est fait dans l’indifférence totale, et parfois avec la complicité de certains pays africains, voisins de la Côte d’Ivoire », a-t-elle poursuivi.
La présidente du MGC soutient que « ces sanctions produisent comme conséquence une punition du peuple nigérien ». En outre, elles « apparaissent comme une mise en garde contre toute volonté des peuples africains à lutter pour leur souveraineté.
« Ces sanctions confortent également la majorité de l’opinion africaine dans le sentiment que la Cedeao et l’Uemoa sont instrumentalisés par les chefs d’États pour protéger et perpétuer leurs régimes et leurs intérêts », souligne Simone Ehivet Gbagbo.
Elle partagera que ces sanctions traduisent éloquemment la tendance de plus en plus affirmée à utiliser des institutions économiques et financières pour tenter de régler des crises politiques internes aux États dans un sens qui n’est pas forcément celui qu’approuvent les peuples.
Par ailleurs, « ces sanctions donnent à l’opinion africaine, le sentiment que ces organisations aux ordres des chefs d’États sont manipulées par la France et par ses partenaires européens et internationaux », a-t-elle martelé.
Le Niger a connu, le 26 juillet 2023, un changement de pouvoir par la force. Le régime du président Mohamed Bazoum a été renversé par des militaires nigériens, réunis au sein du Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP) dont le chef est le général Abdourahamane Tchiani.
Ce coup de force du reste salué par la grande majorité de la population nigérienne intervient dans un contexte particulier de crise où le Niger comme l’ensemble des pays de l’Afrique de l’Ouest, fait face au fléau du terrorisme.
Le 30 juillet 2023, à l’issue du 51e sommet extraordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao consacré à la situation politique au Niger, il a été décidé l’application de plusieurs sanctions, dont la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Niger.
L’organisation a décidé de l’établissement d’une zone d’exclusion de la Cedeao pour tous les vols commerciaux à destination ou en provenance du Niger ; et la suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les États membres de la CEDEAO et le Niger.
Il été aussi décidé de l’interdiction de voyage et le gel des avoirs des officiers militaires impliquées dans la tentative de coup d’État. Cette mesure s’applique également aux civils acceptant de figurer dans toute institution ou tout gouvernement à mettre en place par ces officiers militaires.
AP/APA