Le Togo est le premier pays africain à éliminer quatre maladies tropicales négligées.
Face au déficit chronique de financement qui compromet la lutte contre les maladies tropicales négligées et leur éradication en Afrique, les responsables de la santé et les donateurs réunis lors du Comité régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique ont appelé, ce mercredi à Gaborone (Botswana), à des investissements plus importants pour mettre fin aux maladies négligées qui touchent près de 400 millions de personnes dans la Région.
Selon une étude réalisée en 2022 dans le cadre du projet spécial élargi de l’OMS Afrique pour l’élimination des maladies tropicales négligées, près de 99 millions de personnes de 26 pays africains risquent, cette année, de ne pas avoir accès à un traitement contre des maladies telles que la filariose lymphatique, l’onchocercose, les géohelminthiases et la schistosomiase. Dans un communiqué reçu à APA, l’OMS Afrique explique que cette situation découle d’une insuffisance de fonds alloués à la mise en place de programmes de distribution massive de médicaments.
Malgré ces difficultés, l’Afrique a réalisé des progrès remarquables dans la lutte contre les maladies tropicales négligées. La lèpre a par exemple été pratiquement éradiquée en tant que préoccupation majeure de santé publique. Seules les Comores n’ont pas encore atteint l’objectif d’élimination de la maladie sur l’une de leurs trois îles. Par ailleurs, 41 pays africains ont été déclarés exempts de la maladie du ver de Guinée, six pays de la Région africaine ont éliminé le trachome en tant que problème de santé publique et en 2022, le Togo est devenu le premier pays africain à éliminer quatre maladies tropicales négligées.
« L’Afrique a réalisé des progrès considérables dans la lutte contre les maladies tropicales négligées, permettant ainsi à des millions de personnes de vivre désormais sans les douleurs et les souffrances causées par ces maladies », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique citée par le communiqué.
« Cependant, a-t-elle ajouté, pour préserver et renforcer ces acquis, il est essentiel d’investir davantage dans cette lutte, notamment grâce à un financement adéquat, prévisible et durable, afin de progresser plus rapidement vers l’éradication de ces maladies ».
Les maladies tropicales négligées ont un coût économique élevé pour les familles touchées. Une étude de l’OMS portant sur la justification d’un investissement continu dans l’éradication des maladies tropicales négligées révèle que les pertes de revenu des ménages liées aux dépenses de santé et aux emplois perdus en raison de ces maladies sont estimées à un montant d’au moins 33 milliards de dollars É‑U par an.
Toutefois, selon cette même étude, les investissements dans la lutte contre les maladies tropicales négligées comptent parmi ceux qui rapportent le plus dans le domaine de la santé publique, avec un bénéfice net estimé pour les personnes touchées d’environ 25 dollars É.-U. pour chaque dollar investi. Les mesures mises en place pour lutter contre ces maladies ont des répercussions positives sur les communautés, parmi lesquelles de meilleurs résultats en matière d’éducation, de santé et d’emploi.
De plus, de nombreuses actions menées pour combattre les maladies tropicales négligées s’appuient également sur des interventions simples qui peuvent être réalisées par des non-spécialistes, ce qui facilite leur mise en œuvre au sein des communautés.
Il existe un ensemble de 20 maladies tropicales négligées, ou groupes de maladies, présentes principalement dans les régions tropicales et subtropicales. Il s’agit notamment de la filariose lymphatique, plus communément appelée éléphantiasis, de l’onchocercose ou la cécité des rivières, de la schistosomiase ou bilharziose, mais aussi de la trypanosomiase humaine africaine, souvent appelée maladie du sommeil, des ulcères chroniques et d’autres infections cutanées.
Ces maladies peuvent entraîner des conséquences dévastatrices, provoquant entre autres d’intenses douleurs, des handicaps et des déformations, ainsi que des problèmes de malnutrition, des retards de croissance et des troubles cognitifs. L’anémie causée par certaines de ces maladies a un impact direct sur les taux de mortalité maternelle.
La feuille de route mondiale de l’OMS sur les maladies tropicales négligées 2021-2030 vise à réduire de 90 % le nombre de personnes nécessitant un traitement et de 75 % les handicaps directement associés à ces maladies. Cette feuille de route, approuvée par le cadre régional africain pour le contrôle, l’éradication et l’élimination des maladies tropicales et à transmission vectorielle, encourage les gouvernements à faire preuve de leadership et à s’engager pour atteindre les objectifs mondiaux et nationaux.
TE/ac/APA