Un atelier regroupant des experts régionaux des frontières s’est ouvert sur les berges de la lagune Ebrié, où durant quatre jours, ces acteurs issus de la Cedeao et de l’Uemoa, plancheront sur la mise en œuvre du Programme frontière de l’Union africaine (UA).
Les travaux de l’atelier ont été officiellement ouverts ce mardi 13 juin 2023 par M. Alain Pohan, directeur de Cabinet adjoint du Premier ministre ivoirien, représentant le chef du gouvernement, président de la Commission nationale des frontières de Côte d’Ivoire (CNF-CI).
Cet atelier régional vise notamment l’élaboration d’un plan triennal des activités de coopération transfrontalière (2023-2025) des structures en charge des frontières de l’espace de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).
Selon Alain Pohan, l’enjeu de cette revue de la planification est que des mutations économiques, sociales et technologiques tendent à remettre en question le rôle traditionnel de la frontière et incitent à réduire les dysfonctionnements qui entravent le développement et la gestion harmonieuse des espaces transfrontaliers.
« Ces espaces frontaliers, qui sont au cœur du dispositif d’intégration régionale, sont des vecteurs de mutualisation des services, d’exploitation commune de ressources, de partage de l’espace comme les espaces de transhumance et les espaces productifs agricoles », a-t-il souligné.
Le poids de l’Afrique dans le commerce mondial, rappellera-t-il, ne représente pas plus de 3 %. De plus, le commerce intra-africain se situe aux environs de 16% alors qu’ils représentent plus de 60% sur les continents asiatique et européen.
Cela est dû notamment à un « grand retard pris en matière d’industrialisation, d’infrastructures économiques, de dématérialisation dans les formalités administratives à l’import-export et d’intégration de nos économies », a-t-il soutenu.
« Pour renforcer sa position dans le commerce international et accélérer le développement des pays africains, nous n’avons pas d’autre choix que celui d’intensifier les échanges intra-africains et d’accélérer la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) », a-t-il dit.
Le secrétaire exécutif de la Commission nationale des frontières de la Côte d’Ivoire (CNF-CI), Diakalidia Konaté, a noté que ce programme régional de coopération transfrontalière vise la stabilité, la paix, la sécurité et le développement économique.
Ce programme devrait, par ailleurs, permettre de faire face au terrorisme et d’autres trafics illicites dans les espaces frontaliers en mettant l’accent sur les infrastructures socio-économiques et surtout l’employabilité des jeunes et des femmes.
Le représentant de la Commission de l’Union africaine, Frederic Gateretse-Ngoga, a mentionné qu’en 2007, l’organisation a lancé le Programme frontière de l’UA. Il a exhorté les parties à faire usage de la Convention de l’UA pour la coopération transfrontalière dite Convention de Niamey.
Cette revue conjointe et de planification sur la gouvernance des frontières en Afrique de l’Ouest a lieu dans un contexte où le continent fait face, dans les zones frontalières à des défis majeurs, entre autres, le terrorisme, la criminalité transfrontalière et la migration illégale.
L’ambassadeur de la Suisse en Côte d’Ivoire, Anne Lugon-Moulin, a souligné que les espaces frontaliers n’ont pas bénéficié de la même attention que les capitales en termes de développement, annonçant des projets dans le nord ivoirien, qui généreront des emplois, en partenariat avec les Etats-Unis.
Le représentant de la Commission de l’Uemoa, Christian Tiemtoré, a fait savoir que le 18 décembre 2015, l’union a signé avec la coopération Suisse une convention relative à l’octroi et à la gestion d’une contribution au Programme de coopération transfrontalière locale phase 1 d’un montant de 3,18 milliards Fcfa.
Au cours des quatre années de mise en œuvre de cette convention, la Commission a mobilisé des ressources humaines et financières pour l’atteinte de trois objectifs : appuyer les collectivités territoriales, favoriser la coopération transfrontalière et la décentralisation.
L’Uemoa met en œuvre la deuxième phase de ce projet, d’un budget global de 10,77 milliards Fcfa ainsi que le programme régional d’appui à la décentralisation financière (PRADEF) estimé 4,149 milliards Fcfa sur la période 2020-2024.
Le projet bénéficie de l’appui de la Coopération Allemande. Le chef de mission de l’ambassade de l’Allemagne en Côte d’Ivoire, Martin Kover, a salué cette rencontre d’échanges, indiquant que « moins de 40% des frontières africaines sont clairement délimitées ».
AP/APA