La dénonciation par le Mali du traité de coopération en matière de défense du 16 juillet 2014 prendra effet officiellement dans six mois.
Rien ne va plus enter Bamako et Paris. Les autorités militaires au pouvoir au Mali ont décidé, lundi 2 mai, de « dénoncer » les accords de défense signés avec la France et ses partenaires européens. La décision a été notifiée par le ministère malien des Affaires étrangères au chargé d’affaires de l’ambassade de France à Bamako.
Dans un communiqué lu à la télévision nationale lundi soir, le porte-parole du gouvernement de transition, le colonel Abdoulaye Maïga dénonce plusieurs « incidents » pour justifier la décision malienne. L’officier malien condamne d’abord « l’attitude unilatérale du partenaire français » qui a annoncé le retrait des forces Barkhane et Takuba sans consulter les autorités de Bamako.
Le colonel Maïga cite aussi parmi les motifs de la décision de son gouvernement « les multiples violations de l’espace aérien malien » et la « manœuvre dilatoire » de la France consistant à demander une réunion d’experts pour la relecture du traité de défense entre les deux pays « au lieu d’envoyer ses amendements ».
« Eu égard à ces insuffisances graves ainsi qu’aux atteintes flagrantes à la souveraineté nationale du Mali, le gouvernement de la République du Mali décide de dénoncer le traité de coopération en matière de défense du 16 juillet 2014 », a déclaré le colonel Maïga.
C’est avec « effet immédiat » que les autorités maliennes dénoncent les accords de mars 2013 encadrant l’engagement de la force française Serval, puis Barkhane, ainsi que le protocole additionnel de mars 2020 s’appliquant aux détachements européens de Takuba, le regroupement d’unités spéciales européennes initié par la France.
En revanche, selon le porte-parole du gouvernement de la Bamako, le Mali est prêt à collaborer avec l’ensemble des Etats du monde « dans le respect mutuel », précise le non moins ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
Paris n’a pas réagi à la décision malienne dans l’immédiat.
Depuis quelques jours, les responsables des deux pays se livrent à une guerre acharnée de communiqués.
Bamako s’est trouvé un nouveau partenaire en matière de défense et de sécurité : la Russie, qui lui fournit des équipements militaires et même des mercenaires, selon Paris.
Le processus de désengagement de la force française Barkhane et de la force européenne Takuba du Mali a commencé depuis quelques semaines et doit se terminer à l’été.
Cettebnouvelle sortie du gouvernement malien intervient quelques semaines après la fermeture d’un important camp de l’armée française à Gossi, dans le nord. La semaine dernière, l’état-major français a diffusé, images de drone à l’appui, ce qu’il a prendre comme une mise en scène d’un charnier près de ce camp et accuse les mercenaires russes de Wagner d’être à l’origine de l’opération.
Le gouvernement malien a violemment réagi mercredi 27 avril en accusant l’armée française d’« espionnage », de « subversion » ou encore d’avoir violé l’espace aérien malien. Ces arguments ont à nouveau été réfutés par la France.
ODL/te/APA