Le Mali s’est retiré de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du procès d’Alger signé en 2015 avec les mouvements rebelles du nord.
Comme annoncé depuis quelques jours, la cérémonie d’installation du Comité de pilotage du dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale, a eu lieu ce lundi 5 février 2024. Mise en place récemment, les contours de cette nouvelle structure présidée par l’ancien ministre Ousmane Issoufi Maïga demeurent encore flous.
La mise en place de cette structure dont la durée de vie est d’un mois avait été annoncée par le président de la transition lors de son discours de nouvel an. Elle intervient aussi quelques jours après que les autorités de la transition aient annoncé la « fin, avec effet immédiat » de l’Accord de paix signé en 2015 avec les rebelles.
Composé de 140 membres représentants différents acteurs communautaires, politiques, religieux, académiques, etc. nommés récemment, ce comité de pilotage est chargé de « préparer et organiser » le dialogue direct inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale. Un dialogue, à en croire les autorités de transition, destiné à promouvoir l’appropriation nationale du processus de paix et à la résolution du conflit qui secoue le pays depuis près d’une décennie.
Cependant, l’absence de certains acteurs soulève des questions sur sa véritable efficacité. D’aucuns ont estimé que les objectifs spécifiques du dialogue au Mali n’étaient pas suffisamment clairs. Dans ce comité, il n’y a aucun membre des groupes armés qui étaient impliqués dans l’accord de paix d’Alger dont les autorités viennent d’annoncer la fin.
De plus, au regard de la composition de ses membres, il semble que la question du terrorisme n’est pas une priorité pour ce comité. Pourtant, le Mali compte des acteurs qui ont déjà eu à échanger avec les terroristes pour satisfaire des besoins ponctuels tels que la libération d’otages, la levée de blocus imposé autour de certaines localités, etc.
Dans de nombreuses autres rencontres organisées par le passé comme la conférence d’entente nationale de 2017, le dialogue national inclusif de 2019, les Assises nationales de la Refondation de 2021, plusieurs participants avaient recommandé d’ouvrir un dialogue avec les terroristes de nationalité malienne pour mettre fin aux violences. C’était d’ailleurs, l’un des points de crispation entre les autorités maliennes d’alors et des partenaires occidentaux très défavorables à une telle initiative.
Autre point à retenir, de nombreux observateurs estiment ne pas sentir la touche purement locale dans la mesure où des notabilités et des leaders d’opinion de l’intérieur du pays n’ont pas été nommés dans ce comité. Beaucoup de personnes qui ont été nommés occupent déjà des fonctions dans l’administration malienne et certaines institutions de la transition.
MD/ac/APA