Spécialiste des affaires africaines, Abdallah Ould Mhamedi, dresse le bilan des quatre premières années au pouvoir du président mauritanien Ghazouani.
Par Abdallah Ould Mhamedi
Dans la ville chinoise de Chengdu, le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a assisté à l’ouverture de la 31e session estivale des Jeux mondiaux universitaires la semaine dernière. En même temps, il a suivi de près les développements qui se sont succédé dans la région du Sahel. Un coup d’État militaire au Niger est venu aggraver la situation déjà difficile de cette région, frappée par l’extrémisme, le terrorisme, le crime organisé, la contrebande et l’immigration illégale. Cette situation est exacerbée par une longue histoire de violence politique, de pauvreté, de marginalisation et d’injustice.
Ould Cheikh El Ghazouani suit attentivement la situation au Sahel, non seulement en tant que président de la Mauritanie, dernier bastion de calme et de stabilité dans la région, mais également en tant que président tournant du Groupe des cinq pays du Sahel (G5S). Il est le seul président élu parmi les dirigeants du groupe, compte tenu des situations anticonstitutionnelles au Mali, au Burkina Faso, au Tchad et actuellement au Niger.
Il est indéniable que les événements récents dans la région ont accaparé une part significative de son temps, passé en compagnie du président chinois Xi Jinping. Ensemble, ils ont analysé les dossiers complexes de la région, qui a subi les conséquences des guerres liées au terrorisme et des conflits de pouvoir à travers des coups d’État et des contre-coups d’État. Cette région est devenue un champ de bataille impitoyable sur la scène internationale.
La Mauritanie est située à l’entrée de la bande désertique s’étendant de Nouakchott au Darfour. Cette zone, connue sous le nom de ceinture sahélienne, est le foyer de groupes terroristes aux identités variées, rendant la situation complexe. Parmi ces groupes, « Daech » cherche à établir des émirats dans le Grand Sahara et en Afrique de l’Ouest, tandis que l’organisation « Al-Qaïda » cherche à s’étendre dans la région à travers des branches régionales, notamment l' »Organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique ». Parallèlement, le groupe « Wagner » établit progressivement des bases dans la région, de la République centrafricaine au Mali et au Burkina Faso, avec la création de milices locales soutenues par les gouvernements.
Malgré ces défis, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a dirigé la Mauritanie pendant quatre ans, une période marquée par la pandémie de Covid-19 et les troubles en Ukraine. La Mauritanie aurait pu jouer un rôle central dans la résolution des crises régionales si elle n’avait pas été confrontée aux ambitions de l’ancien président Mohamed Ould Abdelaziz, actuellement assigné à résidence et fait l’objet de poursuites judiciaires.
Néanmoins, sous la présidence d’El Ghazouani, la Mauritanie a maintenu un climat de stabilité et de concorde politique. Cela en a fait un partenaire stratégique pour de nombreux pays, y compris l’OTAN, qui a qualifié la Mauritanie de « partenaire stratégique » et a renforcé les liens de coopération sécuritaire. La Mauritanie est devenue une destination prisée pour les délégations militaires et de sécurité occidentales, reconnaissant le rôle de l’armée mauritanienne dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé.
La stratégie militaire et sécuritaire mise en place par le président actuel, qui a occupé des postes clés dans les forces armées avant de devenir Chef d’Etat, a permis de maîtriser les attentats ayant secoué le pays au cours de la première décennie de ce millénaire. La Mauritanie, aux côtés du Tchad, est désormais considérée comme un acteur clé dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel.
Cependant, la possession d’une force militaire efficace ne suffit pas dans une région aussi complexe. Le coup d’État au Niger a mis la région au bord de l’explosion, mettant en lumière les enjeux pour les pays parrains des cinq pays du Sahel. Bien que le G5 Sahel ait connu des dissensions politiques, la Mauritanie et le Tchad, en tant que membres du groupe, continuent de travailler pour freiner la propagation du terrorisme et des coups d’État menaçant la stabilité des États.
Dès le départ, le projet d’Ould Cheikh El Ghazouani, qui dirige le Groupe des Cinq au Sahel, était clair : il visait à unir les pays du groupe en encourageant le retour du Mali et en jouant un rôle de résistance lors du blocus imposé à ce pays en 2021. Il a aussi déployé des efforts considérables en collaborant étroitement avec le Mali et en ouvrant le port de Nouakchott pour approvisionner les marchés en produits et en denrées alimentaires, après que les ports d’Afrique de l’Ouest lui aient été fermés.
Telle est la dynamique sur laquelle Ould Cheikh El Ghazouani et la Mauritanie se sont appuyés au cours des quatre dernières années. Leur approche repose sur la stabilité politique à travers la consultation de toutes les parties, sans exception aucune. De plus, des programmes sociaux ont été mis en place pour soutenir les catégories marginalisées et alléger l’impact de la crise économique mondiale. En parallèle, des efforts ont été consentis pour améliorer les infrastructures dans un pays qui a longtemps souffert de la prévarication et du népotisme.
Le président Ould Cheikh El Ghazouani a réussi à mettre un terme à la colère et à la tension en Mauritanie. Grâce à ses efforts, il a apaisé les esprits et contribué à apporter la sérénité dans le pays.
HA/APA