Le Niger n’a toujours pas rouvert ses frontières avec le Bénin depuis que la Cedeao a décidé de lever une bonne partie des sanctions imposées à Niamey après le coup d’Etat du 26 juillet 2023 contre le président Mohamed Bazoum.
Des sources internes au gouvernement béninois annoncent l’arrivée à Cotonou dans la soirée du 03 mars 2024, d’officiels nigériens, des douaniers pour la plupart. Selon les informations qui ont filtré, cette délégation de dix membres est conduite par le colonel Abdoulaye Alidou Maïga, inspecteur des douanes et directeur de la Facilitation, du Partenariat, des Régimes Economiques et Particuliers. Elle comporte également deux Chinois, travaillant pour le projet de la West african oil pipeline company Sa (Wapco). Il s’agit du projet de construction d’un pipeline d’environ 2000 Km dont 1250 au Niger. Cet oléoduc doit acheminer le pétrole brut des champs pétroliers d’Agadem dans le Sud-Est du Niger jusqu’au port de Sèmè dans le sud du Bénin, d’où l’or noir nigérien doit être exporté.
Le froid qui s’est installé entre Cotonou et Niamey après le coup d’Etat a un peu retardé la mise en service du pipeline.
Cet ouvrage gigantesque dont les travaux ont été lancés depuis 2019 a été finalement inauguré en début novembre 2023. Toutefois, ce n’est que le 1er mars 2024 que les responsables de Wapco ont annoncé sa mise en service officielle. Selon leurs informations, le chargement du premier navire au port de Sèmè non loin de Cotonou, est attendu pour le mois de Mai 2024.
Selon des sources gouvernementales, la délégation nigérienne présente à Cotonou et les autorités béninoises doivent discuter de ce projet.
L’autre volet des échanges entre les deux parties, devrait porter sur les relations commerciales entre Cotonou et Niamey. Depuis la fermeture des frontières béninoises avec le Niger suite au coup d’Etat de fin juillet 2023, les relations se sont dégradées entre les deux capitales.
Les nouvelles autorités nigériennes ont même ouvertement accusé le Bénin de servir de base arrière aux «ennemis» qui menacent d’entreprendre une opération militaire contre le Niger.
Dans cette crise, des milliers de conteneurs de marchandises destinées au Niger ont été bloqués au port de Cotonou. Selon le collectif des syndicats des commerçants importateurs-exportateurs et grossistes du Niger, plus de 13 mille conteneurs sont concernés.
D’après Tidjani Mahamadou, l’un des responsables du collectif qui se prononçait sur Bonferey Tv à Niamey, il n’est pas question pour les importateurs nigériens de payer les pénalités que le port de Cotonou réclame avant d’autoriser l’enlèvement de ces marchandises. « Nous ne pouvons pas supporter ces pénalités. Il leur revient de soustraire tous ces frais qu’ils ont additionnés parce que, c’est eux et la Cédéao qui ont créé ce blocage-là. Nous voulions continuer à enlever nos marchandises mais ce sont eux qui ont bloqué », rappelle l’importateur.
Tidjani Mahamadou soutient que tant que les autorités béninoises ne clarifieront pas leur position sur cette situation, les opérateurs économiques nigériens ne retourneront plus au port de Cotonou. Pour lui, le port de Lomé utilisé par les opérateurs économiques nigériens depuis le début de la crise, répond déjà très bien à leurs attentes.
La délégation nigérienne qui est à Cotonou jusqu’au 08 mars prochain va tenter de trouver des arrangements avec les autorités béninoises à ce sujet.
Niamey garde toujours ses frontières fermées avec Cotonou et Abuja en dépit de la levée d’une partie des sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest contre le Niger, lors de son sommet extraordinaire du 24 février dernier.
RK/ac/APA