Les quotidiens sénégalais parvenus mercredi à APA s’intéressent principalement aux inaugurations d’infrastructures de Macky Sall avant la fin proche de son dernier mandat, les défis des politiques publiques du pays pour avoir un secteur primaire fort et le marathon judiciaire visant l’opposant Ousmane Sonko sur les nombreuses batailles qu’il mène pour maintenir sa candidature intacte à la présidentielle de 2024.
Le Soleil note que le président Macky Sall pose « un pas de plus » vers « l’industrialisation du Sénégal » avec l’inauguration de la deuxième phase du pôle industriel de Diamniadio, la nouvelle ville érigée à la sortie de Dakar. Pour Libération, ce sont « des infrastructures d’un coût de 60 milliards de francs CFA qui ont été bâties sur 40 hectares ». Magnifiant cette œuvre réalisée avec la contribution de « la coopération sino-sénégalaise (qui) prouve une fois de plus que la dette n’est ni un piège ni un fardeau », le chef de l’Etat indique que « notre défi réside dans l’intensification du processus d’industrialisation dans tout le pays ».
Alors qu’il s’apprête à quitter le pouvoir après la présidentielle de février 2024, Macky Sall soutient dans L’AS que la « multiplication » de ce type d’actions en faveur du Sénégal montre qu’il a « servi ce pays avec amour et abnégation ». Mais avant de passer la main au futur président sénégalais, Vox Populi note que « Macky immortalise son nom et celui de Senghor à Diamniadio » comme pour suivre les pas de ses deux autres prédécesseurs Abdou Diouf et Abdoulaye Wade.
Cet acte fait dire au Témoin que Diamniadio est devenue le « +musée+ des anciens présidents ». « La nouvelle ville de Diamniadio sert au président Macky Sall à immortaliser à bon compte ses prédécesseurs… et lui-même ! En effet des avenues et des infrastructures y portent les noms de Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et… Macky Sall », affirme le journal.
A deux mois de la présidentielle, EnQuête fait savoir que « Macky blinde le gouvernement » en procédant à la « nomination de hauts fonctionnaires de défense ». « Le palais considère que +le contexte sécuritaire exige un effort interne de prévention, de préparation et de planification+ », indique une source. Soulignant que « plusieurs colonels à la retraite ont été nommés », le journal estime que le régime mise sur « la prévention, la préparation et la planification (comme) triptyque pour anticiper les crises ».
Dans un « grand oral » avec Sud Quotidien, l’ancien ministre du Budget Ibrahima Sarr donne son avis sur le Plan Sénégal émergent (PSE) de Macky Sall, l’inflation, la gouvernance économique, la souveraineté alimentaire, entre autres sujets. « Le PSE a manqué d’articulation entre la vision, les programmes, les projets et les actions. Nous importons tout. Par conséquent, nous sommes importateurs d’inflation. Quand vous pilotez l’économie d’un pays, il y a des forces contraintes extérieures qui s’opposent à vos orientations stratégiques », analyse l’économiste avant d’avertir que « si l’on n’y prend pas garde, nous serons tous tenus d’aller acheter de la semence en Espagne et au Portugal pour produire ».
En revanche, son successeur et actuel ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba, indique dans Vox Populi que « l’agriculture emploie 70% de la population active et ne contribue que pour 15% au Produit intérieur brut (PIB) ». Diagnostiquant « la principale entrave à la réalisation de la souveraineté alimentaire » au Sénégal, le ministre « souligne la nécessité d’une agriculture intensive et l’impératif de protéger les droits des communautés villageoises et l’exploitation familiale ».
En politique, Les Echos rapporte que « le tribunal de grande instance de Dakar entre en action » pour examiner le recours des avocats de l’opposant Ousmane Sonko pour sa réinscription sur les listes électorales en vue de lui permettre de participer à la prochaine présidentielle, lui qui était classé troisième avec plus de 15% des suffrages en 2019. Après que la Cour suprême a cassé le jugement favorable au maire de la ville rendu par le tribunal de Ziguinchor (sud) et renvoyé l’affaire pour un nouveau jugement au tribunal de Dakar, le journal estime que « la première bataille de Sonko est fixée mardi prochain ».
EnQuête note que « l’audience spéciale est prévue le 12 décembre » au tribunal de Dakar là où Vox Populi souligne que « Sonko joue l’autre partie de cartes le 12 décembre » après la victoire de Ziguinchor qui n’est finalement pas exécutée par les autorités en refusant notamment de remettre à son mandataire, le député Ayib Daffé, des fiches de parrainage comme avec les autres candidats déclarés, prétextant que la décision du tribunal n’est pas suspensive alors que l’agent judiciaire de l’Etat venait de déposer un recours devant la haute juridiction.
Bés Bi s’intéresse pour sa part au « financement présumé de Sonko par des lobbies de pétrole » et constate que « l’affaire enfle » après qu’elle a été ébruitée par un député de la majorité présidentielle (Makhtar Diop) et étirée par des hommes de médias proches plus ou moins du régime en place à deux mois du scrutin présidentiel. Alors que des accusations similaires avaient visé en 2019, à la veille de la présidentielle, celui qui est considéré comme le chef de l’opposition malgré son incarcération depuis fin juillet dernier, le journal souligne que « la société civile est pour une enquête » même si elle demeure « prudente » sur ces accusations.
Alors que le député Makhtar Diop dit maintenir ses propos, El Malick Ndiaye, chargé de communication du parti dissous Pastef, est sans équivoque dans la réponse ironique qu’il a livrée au quotidien : « Que Sonko soit rebelle, salafiste, voleur, violeur, nous l’aimons ».
ODL/ac/APA