Pour les autorités algériennes, une solution politique négociée est toujours possible.
C’est à travers un communiqué du ministère des Affaires étrangères publié le samedi 19 août que le gouvernement algérien a fait part de sa position par rapport aux préparatifs du recours à la force envisagée par les Chefs d’Etat pour restaurer l’ordre constitutionnel au Niger. « Au moment où l’intervention militaire au Niger se précise, l’Algérie regrette profondément que le recours à la violence ait pris le pas sur la voie d’une solution politique négociée rétablissant pacifiquement l’ordre constitutionnel et démocratique dans ce pays frère et voisin », indiqué le communiqué qui a été diffusé au lendemain de la fin de la réunion de planification du Comité des chefs d’états-majors des pays membres de la Cédéao, qui s’est tenue les 17 et 18 août à Accra, au Ghana.
Dans le communiqué, Alger a rappelé sa forte conviction que « cette solution politique négociée demeure encore possible, que toutes les voies qui peuvent y conduire n’ont pas été empruntées et que toutes ces possibilités n’ont pas été épuisées ». Selon la même source, « l’histoire de notre région enseigne abondamment que les interventions militaires ont été porteuses d’un surcroît de problèmes que de solutions et qu’elles ont été des facteurs supplémentaires d’affrontements et de déchirements plutôt que des sources de stabilité et de sécurité ».
« Avant que l’irréparable ne soit commis, et avant que la région ne soit prise dans l’engrenage de la violence dont nul ne peut prédire les conséquences incalculables, l’Algérie appelle toutes les parties à la retenue, à la sagesse et à la raison qui toutes commandent de redonner résolument la plus haute priorité à l’option politique négociée à la crise constitutionnelle actuelle épargnant ainsi au Niger frère et à l’ensemble de la région des lendemains lourds de menaces et de périls dont notamment un regain de vigueur et d’agressivité du terrorisme et des autres formes de criminalité qui affectent gravement la région », conclut le communiqué.
Refus catégorique d’une intervention militaire au Niger
Au lendemain des évènements du 26 juillet 2023 avec la prise de pouvoir par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), l’Algérie avait réitéré son « profond attachement au retour à l’ordre constitutionnel au Niger » et « son soutien à M. Mohamed Bazoum comme Président légitime ».
Suite à la décision des chefs d’Etat de la Cédéao de recourir à l’usage de la force pour restaurer l’ordre constitutionnel, le gouvernement algérien a mis en garde contre les intentions d’intervention militaire étrangère. « L’Algérie renouvelle son profond attachement au retour à l’ordre constitutionnel au Niger et au respect des exigences de l’Etat de droit. Dans cet esprit, le gouvernement algérien réaffirme son soutien à Monsieur Mohamed Bazoum comme Président légitime de la République du Niger », avait indiqué le gouvernement dans un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères qui a aussi souligné que « le retour à l’ordre constitutionnel doit impérativement s’accomplir par des moyens pacifiques qui éviteront au Niger frère et à l’ensemble de la région un surcroît d’insécurité et d’instabilité et à nos peuples un surcroit d’adversité et d’épreuve ».
En conséquence, est-il précisé, « l’Algérie met en garde et appelle à la prudence et à la retenue face aux intentions d’interventions militaires étrangères qui sont, malheureusement, considérées comme des options envisageables et utilisables alors qu’elles ne sont que des facteurs de complication et d’aggravation de la crise actuelle ».
Dans un entretien télévisé qui a été diffusé le 3 août dernier, le président Abdelmadjid Tebboune, a été très ferme sur la question en exprimant « son rejet total et catégorique de toute intervention militaire ». Pour l’Algérie, en effet, toute intervention militaire au Niger constituerait « une menace directe » pour leur pays.
A l’occasion d’une rencontre de deux jours à Accra, les chefs d’État major de la Cédéao ont mis au point le plan de l’intervention militaire qui devrait être validé par les dirigeants ouest-africains. Un recours à la force qui se précise d’autant que la mission de médiation du bloc régional envoyée samedi 19 août à Niamey se serait soldée par un échec.
Dans un discours prononcé samedi soir, le général Abdourahamane Tiani a mis en garde l’institution communautaire contre toute agression contre son pays qui, à l’en croire, ne serait pas une promenade de santé. Le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie a invité les forces vives au dialogue et a annoncé une transition qui ne devrait pas excéder trois ans.
AYB/ac/APA