L’ancien Président de la République et sa famille « se portent bien » ont indiqué ce samedi, ses proches qui citent son médecin personnel qui lui a rendu visite.
Le président nigérien Mohamed Bazoum, détenu dans sa résidence présidentielle à Niamey depuis un coup d’État qui l’a renversé le 26 juillet, a « reçu la visite de son médecin aujourd’hui », ont confié plusieurs de ses proches qui indiquent que son médecin-personnel a pu s’entretenir, ce samedi 12 août 2023, avec lui mais également sa femme et son fils et a assuré qu’« ils vont tous bien ».
Lors de cette visite, ont ajouté les mêmes sources, le médecin leur « a également apporté des vivres et des médicaments ». Selon le médecin, toujours cité par les mêmes sources, « le Président garde le moral haut », bien que les conditions de vie du président restent néanmoins difficiles car l’électricité est toujours coupée au niveau de la Résidence présidentielle.
Ces nouvelles du chef d’Etat renversé constituent un véritable ouf de soulagement pour ses proches car ces derniers jours, plusieurs informations ont fait état « des mauvaises conditions de détention » pour Mohamed Bazoum, sa femme ainsi que son fils Salem, âgé de 20 ans. Cette visite est, en effet, la première que reçoit l’ancien chef de l’Etat depuis le 31 juillet dernier, date à laquelle il a reçu la visite du Président de la transition tchadienne, le général Mahamat Idriss Déby, envoyé spécial de la Cédéao dans la crise politique du Niger.
Conditions de détention difficiles
« Je n’ai plus d’électricité depuis le 2 août et aucun contact humain depuis le 4 août. Je ne suis pas autorisé à recevoir les membres de ma famille [ou] mes amis qui nous apportaient de la nourriture et d’autres fournitures », a confié Mohamed Bazoum à l’ONG humanitaire internationale de défense des droits humains Human Rights Watch, qui a indiqué dans un communiqué publié le vendredi 11 août 2023, s’être entretenue, les 9 et 10 août, avec Bazoum, son médecin, l’avocat de la famille, un ancien conseiller en communication et avec un ami de la famille. Dans son communiqué, l’ONG a appelé « les auteurs du coup d’état militaire au Niger à assurer la sécurité et le bien-être du président qu’ils ont renversé, Mohamed Bazoum, de sa famille et d’autres personnes qu’ils détiennent arbitrairement ».
Selon l’organisation, les militaires qui ont pris le pouvoir à Niamey devraient respecter les droits humains fondamentaux, notamment en remettant en liberté les personnes emprisonnées arbitrairement, et effectuer une transition rapide vers un régime civil démocratique. « Les chefs militaires nigériens et auteurs du coup d’État font subir à Bazoum et à sa famille, ainsi qu’à d’autres prisonniers non identifiés, un traitement abusif, en violation du droit international humanitaire », a déclaré Carine Kaneza Nantulya, directrice adjointe de la division Afrique à Human Rights Watch, pour qui, « toutes les personnes arrêtées arbitrairement devraient être remises en liberté immédiatement et recevoir une nourriture adéquate, des services de base et un accès à des médecins, des avocats et aux membres de leurs familles».
Ces inquiétudes et ces appels à la libération du président déchu ainsi que de sa famille et de ses proches, rejoignent ceux déjà exprimés par plusieurs personnalités et organisations régionales et internationales.
Vendredi, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s’est dit aussi « consterné » par le refus des nouvelles autorités militaires du Niger de les libérer, en « signe de bonne volonté ». Le Secrétaire d’Etat américain qui dit avoir échangé au téléphone avec l’ancien président Mahamadou Issoufou, a exprimé « sa profonde inquiétude quant à la détention illégale du président Bazoum et de sa famille, dans des conditions de plus en plus difficiles ».
Dans un autre communiqué publié toujours vendredi 12 août 2023, le Haut-Commissaire des Nations Unies, Volker Türk, a aussi décrit « un traitement dégradant et inhumain », en évoquant le sort réservé à Mohamed Bazoum et sa famille. Selon le haut responsable onusien, ses conditions de détention « se détériorent rapidement ».
Plutôt, le 9 août, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a aussi dénoncé « les conditions de vie déplorables dans lesquelles le président Bazoum et sa famille vivraient ».
Et dans un entretien publié en milieu de semaine par le Guardian, sa fille Zazia, 34 ans, qui se trouve actuellement à Paris et dit être en contact quotidien avec son père, a expliqué que ses parents et son frère n’ont pas de viande ou de fruits et de légumes frais pour se nourrir. « Ils ne peuvent plus manger ce qu’ils avaient dans le frigo », a-t-elle raconté au quotidien britannique à qui elle a confié qu’« ils ont du riz ou des pâtes et ce sont les seules choses qu’ils mangent actuellement , ce qui n’est pas bon pour leur santé ».
Appel à la libération de l’ancien président, sa famille et ses proches
Lors de leur second Sommet extraordinaire sur la situation politique au Niger qu’ils ont tenus le jeudi 10 août 2023 à Abuja, les Chefs d’Etat de de la Cédéao ont « dénoncer également les conditions dans lesquelles le Président Bazoum est maintenu en détention et tenir le CNSP [Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, la junte qui a renversé le régime de Bazoum], entièrement responsable de la sécurité et de l’intégrité physique du Président Bazoum et des membres de sa famille et de son gouvernement ».
Dans son communiqué de soutien aux décisions prises par l’organisation communautaire, le Président de l’Union Africaine (UA), le tchadien Moussa Faki Mahamata exprimé « ses vives préoccupations » relativement à la détérioration des conditions de détention du président Mohamed Bazoum. En effet, est-il indiqué, des sources concordantes attestent d’une « dégradation inquiétante » de telles conditions a fait savoir le Président de l’UA, qui a tenu à interpeller les autorités militaires sur, entre autres, « la poursuite de la séquestration du Président » dans des conditions qui se dégradent de façon inquiétante. « Un tel traitement d’un président démocratiquement élu à travers un processus électoral régulier est inadmissible », a prévenu Moussa Faki Mahamat.
AYB/ac/APA