Le président Faye promet d’engager « sans tarder » une politique hardie de bonne gouvernance.
C’est son premier « discours à la nation ». Élu dimanche 24 mars et investi mardi 2 avril, Bassirou Diomaye Faye, le nouveau président du Sénégal s’est plié à ce traditionnel exercice auquel se livre chaque veille de la fête de l’indépendance, célébrée le 4 avril, le chef de l’Etat du Sénégal.
Dans ce discours, retransmis en direct par la télévision publique, le plus jeune président de l’histoire du Sénégal a dévoilé à ses compatriotes les chantiers prioritaires auxquels il entend d’attaquer durant les cinq prochaines années qui couvrent son premier mandat à la tête du Sénégal.
« De l’indépendance à nos jours, notre système politico institutionnel et judiciaire a vécu bien des péripéties, les unes plus heureuses que les autres. Soixante-quatre ans après, le moment me semble venu de tirer les leçons de nos réussites et de nos échecs pour une gouvernance publique plus moderne, plus républicaine et plus respectueuse des droits humains », a martelé le président Faye sur les antennes de la Radiotélévision sénégalaise (RTS).
Le nouveau président sénégalais compte ainsi se pencher, rapidement, sur la réforme du système électorale. La Commission électorale nationale autonome sera, selon lui, remplacée par une Commission électorale nationale indépendante (CENI), avec un renforcement de ses moyens et de ses prérogatives. Ce mesure sera suivi par la rationalisation du nombre de partis politiques, ainsi que leur financement. Il promet aussi la réforme des règles d’inscription sur le fichier électoral qu’il veut faire coïncider avec la délivrance de la pièce nationale d’identité.
Le président Faye veut engager un processus de réforme de la justice auquel il veut associer ses compatriotes. L’objectif est, selon lui, de « redorer le blason de la justice, lui redonner le prix qu’elle mérite et la réconcilier avec le peuple au nom duquel elle est rendue. »
Pour réussir un tel chantier, le président Faye souhaite organiser des « assises regroupant les professions du métier, magistrats, avocats, huissiers, greffiers et autres auxiliaires de justice, les professeurs d’université et les citoyens pour identifier des pistes de solution aux problèmes de la justice ».
Ce promoteur d’une « gouvernance vertueuse, fondée sur l’éthique de responsabilité et l’obligation de rendre compte », veut aussi s’attaquer à la gestion des bien publics.
Faye promet d’engager « sans tarder » une politique hardie de bonne gouvernance économique et financière par la lutte sans répit contre la corruption, la répression pénale de la fraude fiscale et des flux financiers illicites, la protection des lanceurs d’alertes, la lutte contre le détournement de deniers publics et le blanchiment d’argent, l’amnistie des prête-noms et leur intéressement sous condition d’auto dénonciation, la publication des rapports de l’Inspection Générale d’Etat, de la Cour des comptes et de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC).
Il a aussi assuré que l’exploitation des ressources naturelles du pays retiendra particulièrement l’attention de son gouvernement. « Ainsi, en plus de la mise en ligne déjà effective des contrats miniers, pétroliers et gaziers, sur le site de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE-Sénégal), je ferai procéder à la divulgation de la propriété effective des entreprises extractives, conformément à la Norme ITIE, à l’audit du secteur minier, gazier et pétrolier et à une protection plus soutenue du contenu local au bénéfice du secteur privé national », a promis le nouveau président, qui prend soin cependant de préciser à « tous nos partenaires privés qu’ils sont les bienvenus aux Sénégal. »
Élu avec 54% de voix dès le premier tour, une première pour un opposant sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, est le cinquième président du Sénégal depuis l’indépendance obtenue en 1960.
ARD/ac/APA