Le Conseil constitutionnel a annulé le report de la Présidentielle, demandant aux « autorités compétentes » de choisir une nouvelle date.
Face à la presse nationale jeudi 22 février, le président du Sénégal a annoncé un dialogue national pour fixer une nouvelle date de la Présidentielle initialement prévue ce dimanche 25 février avant d’être reportée. Macky Sall a appelé les acteurs politiques de tous bords à prendre part à ces concertations qui auront lieu lundi 26 et mardi 27 février, réitérant que son « contrat avec le peuple sénégalais sera terminé le 2 avril ». En prélude à ces discussions sur le processus électoral, le chef de l’Etat sénégalais recevra lundi dans la matinée et séparément les 19 candidats retenus par le Conseil constitutionnel et les recalés, informe, samedi, le ministre de l’Intérieur dans une publication.
Mais, le collectif regroupant seize candidats validés par le Conseil constitutionnel a tenu à « réfuter catégoriquement les allégations contenues dans un article publié samedi », lequel reprend mot pour mot une déclaration d’un proche de Macky Sall dans une émission la veille, « affirmant que les candidats du FC25 participeront au dialogue sur la date de l’élection présidentielle ».
Rappelant que « ces informations ne reflètent en aucun cas la position des candidats concernés », le FC25 précise qu’aucune rencontre n’est prévue entre les candidats de ce bloc et le Président avant le lancement du dialogue. Une position confirmée par des candidats qui ont participé au rassemblement du F24 samedi, à Dakar.
Après avoir décliné l’invitation du président Sall, le FC25 annonce avoir décidé « d’une part, de saisir le Conseil constitutionnel et, d’autre part, d’aller à la rencontre du peuple pour organiser avec lui le véritable dialogue du peuple ».
De son côté, l’ancien premier ministre Mahamad Boun Abdallah Dione, candidat retenu par le Conseil constitutionnel, confirme son intention de prendre part au dialogue. Cet ancien collaborateur de Macky Sall dit participer au « dialogue parce que l’heure est grave et il y a bien en ce moment une rupture du consensus politique et social. Rien ne doit être de trop pour trouver, dans Le respect du droit et des principes démocratiques, mais sans surenchère gratuite, une solution pour assurer Le passage de témoin à La tête de l’Etat, dans l’apaisement, La paix civile et La réconciliation nationale ».
Cependant, l’ancien premier ministre « exprime son opposition à toute interruption reprise du processus électoral», souhaitant que « la question de la corruption supposée dans le processus électoral soit vidée dans les meilleurs délais ».
Soupçons de corruption
Au départ, 93 dossiers de candidature à la présidentielle ont été déposés auprès du Conseil constitutionnel qui n’en a validé que 21, le 12 janvier après un premier tri ayant tenu compte de la validité ou non des parrainages. Huit jours plus tard, le 20 janvier, les Sages ont publié une liste définitive de 20 candidats. Pour double nationalité, Karim Wade, candidat du parti démocratique sénégalais (PDS) et fils de l’ancien président, Abdoulaye Wade, est recalé.
Le Samedi 3 février, le président Sall a pris une décision sans précédent en abrogeant le décret convoquant le corps électoral au 25 février. Cette action a déclenché une série d’événements qui ont plongé le Sénégal dans une crise politique inédite.
La tension entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel a atteint son paroxysme après que le PDS ait accusé deux juges constitutionnels de corruption. Ces accusations ont jeté de l’huile sur le feu dans un climat déjà tendu.
Le 31 janvier, les députés libéraux, soutenus par une partie de la majorité, ont réussi à mettre en place une commission d’enquête parlementaire. Cette initiative a marqué le début d’une série de manœuvres politiques complexes qui ont secoué le pays.
Report des élections
Le lundi 5 février, une séance plénière s’est tenue à l’Assemblée nationale pour discuter de la proposition de loi visant à reporter les élections. Après une journée mouvementée ponctuée d’accrochages entre parlementaires, la loi a été adoptée. Cependant, cette décision n’a pas été sans conséquences. Des députés de l’opposition, qui ont protesté contre le vote sans débat, ont été violemment expulsés de la salle par des gendarmes, agissant sur demande du président de l’Assemblée nationale.
À peine deux jours plus tard, alors que Dakar et d’autres régions du pays étaient en proie à des violences, des députés ont contesté la loi devant le Conseil constitutionnel. Simultanément, 15 candidats à la présidentielle ont choisi de saisir la Cour suprême.
Les manifestations qui ont suivi la décision du report du scrutin présidentiel ont provoqué trois morts.
Le Conseil constitutionnel annule le report
Dans une décision rendue le 15 février, le Conseil constitutionnel a retoqué le décret du chef de l’Etat sénégalais et a annulé le report du scrutin du 25 février. Cependant, la haute juridiction a préféré laissé la latitude à l’administration de fixer une nouvelle date.
AC/APA