À l’origine du recours ayant entraîné l’éviction de Karim Wade de la course à la présidentielle, le président du parti La République des Valeurs s’engage, s’il est élu, à porter le Sénégal vers « un avenir prospère et respecté sur la scène mondiale. »
Cinq grandes visions. Dix projets prioritaires. Voilà en quoi se résume le programme porté par Thierno Alassane Sall (TAS), président du parti La République des Valeurs et candidat à la présidentielle du 24 mars prochain. Dénommé « Réenchanter le Sénégal », cette offre programmatique est centrée sur des domaines clés tels que l’agriculture, l’éducation, la démocratie, l’industrialisation et la santé.
Restaurer la crédibilité de l’État
S’il est élu chef de l’Etat, le natif de Thiès (Ouest) vise premièrement à faire du Sénégal la vitrine de la démocratie en Afrique de l’Ouest à travers ses institutions, sa diplomatie et sa sécurité. Pour ce faire, deux projets ont été élaborés. Le premier vise à restaurer la crédibilité et l’autorité des institutions de la République, tandis que le second doit permettre à renforcer la coordination des services et à anticiper les risques géopolitiques, criminels et les cybermenaces.
L’industrialisation devant permettre la transformation des matières premières est l’une des plus importantes carences des pays africains. À travers le deuxième axe de son plan, l’ancien ministre des Infrastructures, des Transports terrestres, et du Désenclavement de Macky Sall de 2012 à 2014 compte y remédier en faisant du pays de la Teranga « l’usine » de la sous-région.
Il prévoit ainsi de tirer profit des opportunités de l’économie et de la transformation numérique en étendant la couverture internet et en déployant des technologies avancées (fibre optique, 4G/5G) pour garantir un accès équitable dans tout le pays, notamment en zones rurales.
Dakar souffre d’un déficit commercial, largement alimenté par des importations massives, ce qui l’expose à des risques considérables liés à la volatilité du marché international. Thierno Alassane Sall propose ainsi de renforcer la souveraineté économique en accordant la priorité aux acteurs nationaux à travers les projets 4 et 5 du deuxième axe de son programme. Les privés locaux seront ainsi soutenus par le développement d’une infrastructure industrielle capable de valoriser les ressources nationales, contribuant ainsi à la transformation de l’économie.
La santé au cœur de ses priorités
Le bien-être et la prise en charge médicale des Sénégalais, en particulier, et des peuples de la sous-région, en général, sont au cœur du programme de M.Sall, qui ambitionne de faire de son pays « l’hôpital de l’Afrique de l’Ouest. »
L’ancien ministre de l’Energie de 2015 à 2017 veut en effet réduire les inégalités d’accès aux services de santé et mettre l’emphase sur la prévention. De même, il souhaite élargir la couverture et l’adapter aux nouveaux besoins sociaux en matière de protection sociale.
Tout ceci sera adossé sur un programme de développement d’infrastructures sanitaires, la décentralisation des responsabilités en matière de santé, l’amélioration de la santé maternelle et infantile, la suppression de la TVA sur les services de santé, la création d’une Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM)…
Une agriculture résolument tournée vers le numérique
L’un des objectifs du président Macky Sall lors de son accession au pouvoir en 2012 était de rendre le Sénégal autosuffisant sur le plan alimentaire. Malgré les importants investissements alloués à l’agriculture sous son magistère, cet objectif n’a pas été atteint.
Pour relever ce défi, Thierno Alassane Sall propose donc d’accélérer la modernisation du secteur pour une productivité accrue permettant d’atteindre la souveraineté alimentaire. Il prône notamment l’utilisation du numérique pour améliorer la gestion foncière, optimiser les prévisions météorologiques et développer les circuits de commercialisation agricole.
Dans le secteur de la pêche, l’emploi des technologies numériques pour une gestion durable et le contrôle efficace des activités de pêche sera aussi de mise. Le secteur de l’élevage bénéficiera d’une même attention à travers l’utilisation des ressources numériques pour la gestion du cheptel, l’amélioration des rendements et l’optimisation des circuits de commercialisation.
La formation, la recherche scientifique et l’innovation ne seront pas négligées dans ces différents domaines. Le candidat de La République des Valeurs prévoit de les développer dans le secteur primaire, notamment en multipliant les centres d’amélioration génétique.
Le Sénégal subit de plein fouet les effets néfastes du changement climatique. L’érosion côtière, la salinisation des sols et l’instabilité pluviométrique mettent à rude épreuve l’environnement du pays. Thierno Alassane Sall veut donc mettre le Sénégal sur une trajectoire de développement durable respectueuse de l’environnement. Pour cela, une stratégie d’emploi verte a été élaborée, accompagnée d’un plan pour une transition énergétique nationale, la création de poumons verts urbains, ainsi qu’un programme de protection des zones côtières…
Une vision holistique de l’éducation
S’il accède à la magistrature suprême, l’actuel député envisage de jeter les bases d’une économie du savoir intégrée, englobant l’éducation, la formation, la recherche, la culture et le sport.
Par ces différents axes, celui qui définit sa candidature comme « un hommage à l’héritage du Sénégal, enrichi par les générations », espère « perpétuer et valoriser cet héritage, en répondant aux besoins actuels par un programme innovant et ambitieux. »
Qui est Thierno Alassane Sall ?
Thierno Alassane Sall est né le 30 novembre 1963 à Thiès. Après avoir obtenu son baccalauréat au plus grand lycée de cette ville, il a poursuivi ses études en Tunisie, à l’École nationale d’ingénieurs de Sfax, où il a décroché un diplôme d’ingénieur en électronique spécialité télécommunications. Il a également obtenu un diplôme d’ingénieur en aviation civile à l’École africaine de la météorologie et de l’aviation civile (EAMAC) de Niamey au Niger, ainsi qu’une Licence en économie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Il démarre sa carrière professionnelle à l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA). En 2012, à l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, il a été nommé directeur général de l’Agence de la Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP), où il a manifesté son engagement à assainir les comptes en réduisant son propre salaire. Peu après, il a été appelé par le président Sall pour devenir ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, puis ministre de l’Énergie, poste qu’il a occupé jusqu’en 2017.
Son passage au gouvernement a été marqué par des actions visant à assainir les secteurs qu’il supervisait, notamment en retirant certains permis d’exploration dans le domaine de l’énergie. En 2017, il a fondé la République des Valeurs et s’est porté candidat deux ans plus tard, à l’élection présidentielle, mais sans succès. Il est élu député en 2022 suite aux Législatives auxquelles il a participé en tant que tête de liste nationale de la coalition Aar Sénégal (Protéger le Sénégal). Le revoilà à l’assaut du fauteuil présidentiel.
ARD/ac/APA