Les quotidiens sénégalais parvenus vendredi à APA titrent principalement sur les manœuvres de certains membres de la coalition au pouvoir et de l’opposition pour reporter l’élection présidentielle du 25 février 2024 au moment où les vingt candidats se préparent à entrer dans la campagne électorale alors que l’administration est prête à relever le défi.
« On joue avec le feu », indique un observateur de la vie politique sénégalaise à L’Observateur, alertant sur les « manœuvres (en cours) pour le report de la présidentielle » à la suite de l’invalidation de la candidature de l’opposant en exil Karim Wade. Cette élimination vaut d’ailleurs la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire par des députés du Parti démocratique sénégalais (PDS), avec l’appui de leurs collègues de la majorité présidentielle, la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY, unis pour un même espoir) en l’occurrence, après des soupçons de corruption sur le Conseil constitutionnel.
Toutefois, différents acteurs dont des membres de la société civile interrogés par le journal notent que l’argument de « crise institutionnelle » brandi par les partisans d’un report est « une vue de l’esprit » puisque toutes les institutions fonctionnent normalement. Expliquant « les dessous de l’agitation suspecte de politiques et médiateurs intéressés » et démasquant « le jeu trouble de l’APR (Alliance pour la République) », le parti présidentiel, le quotidien prévient sur « les conséquences politiques et sociales de la non-tenue du scrutin » présidentiel à date échue, c’est-à-dire le 25 février prochain alors que la campagne s’ouvre dimanche prochain.
Sud Quotidien précise que les manœuvres politiques portent sur « l’article 52 de la Constitution » qui donne des pouvoirs exceptionnels au chef de l’Etat, comme le fait de reporter l’élection présidentielle, ce qui serait un « pari risqué » de certains agitateurs de la coalition BBY et le PDS. « Depuis l’indépendance (en 1960), le Sénégal qui est à sa 13ème élection présidentielle a toujours organisé à date échue ce scrutin », souligne le journal.
Interrogé par Walf Quotidien, le candidat Thierno Alassane Sall, à l’origine de la réclamation qui a poussé le Conseil constitutionnel à invalider la candidature de Karim Wade pour détention de double nationalité, note que ces manœuvriers « veulent faire un coup d’Etat constitutionnel » avec l’idée de report de la présidentielle agitée depuis quelques jours. « Il ne faut pas faire ce que IBK (Ibrahim Boubacar Keita) a tenté au Mali, ce que (Alpha) Condé a fait en Guinée », a invité le parlementaire, rappelant que « la Constitution n’offre aucune possibilité de report » de l’élection.
C’est le même conseil que donne l’avocat Cheikh Niass à Macky Sall, « sous la pression des faucons » qui font des « manœuvres pour la dissolution du Conseil constitutionnel ». « Monsieur le Président, ne précipitez pas le pays dans le chaos », a déclaré l’administrateur du groupe de presse Walfadjri dans un éditorial.
Pour Le Quotidien, l’élection du 25 février 2024 est devenue « un scrutin 100 suites » avec la nouvelle polémique de « la double nationalité de Rose Wardini », l’une des candidats à la présidentielle qui détiendrait une nationalité française.
« Pour être candidat à la Présidentielle, le requérant doit être exclusivement de nationalité sénégalaise. La Constitution du Sénégal est claire à ce propos. Pourtant, Mme Rose Wardini n’aurait pas renoncé à sa nationalité française, tout en signant une déclaration sur l’honneur disant respecter l’article 28 de la Constitution », rappelle le journal, qui fait état par ailleurs de la « demande de libération » du candidat Bassirou Diomaye Faye formulée par sa coalition.
ODL/ac/APA