Plus de 100.000 visiteurs et des spectacles en continu, la première édition du Festival International du Bénin (FinAB) a tenu ses promesses et replacé un peu plus le Bénin sur la carte culturelle et artistique de l’Afrique.
Danseurs qui envoûtent les rues de leur énergie au rythme des tambours battant la mesure, Zangbeto qui dansent dans un tourbillon coloré de démonstrations culturelles presque mystérieuses alors que le soleil au zénith crache ses derniers rayons lumineux sur les près de 5 km de ruelles parcourues dans une Ouidah historique en pleine reconstruction…
Cette parade du vendredi 17 février restera gravée dans les mémoires comme l’un des moments les plus emblématiques de la première édition du Festival International des Arts du Bénin (FInAB) qui a fermé ses portes ce dimanche 19 février. Une première édition qui se termine avec satisfaction, et ce ne sont pas ses visiteurs, « reconnaissants de cette opportunité unique de découvrir la richesse artistique béninoise », qui diront le contraire.
Tokp’art, cœur battant du FInAB
Du 14 au 19 février 2023, Cotonou, Ouidah et Porto-Novo ont vibré aux rythmes de tam-tams, danses, conférences-débats et performances artistiques. En 6 jours, plus de 100 artistes d’Afrique ont offert leur talent à plus de 100 000 visiteurs séduits par la richesse culturelle du Bénin.
« Un festival de cette envergure, c’est la première fois au Bénin », soutiendra Rabbi Tan Dah Mehou Bitan, en visite sur le site du marché de Tokp’art, cœur battant du festival. Sur cet espace de 10.000 m2, arts culinaires béninois et d’Afrique, arts plastiques, visiteurs, acheteurs d’œuvres d’art se sont donné rendez-vous, avec en plat de résistance des concerts live d’artistes béninois tous les soirs. Tokp’art qui fait référence au grand marché Dantokpa de Cotonou, c’était plus de 200 exposants et vendeurs d’arts de tout type pour cette première édition.
Une rafale d’événements artistiques
Si la parade de Ouidah a été le point culminant de cette édition, le festival a également été marqué par le lancement de la Galerie A à la Haie-Vive de Cotonou, avec la présence notable du ministre du Plan Abdoulaye Bio Tchané et du conseiller spécial du Président Johannes Dagnon. Ludovic Fadairo, artiste plasticien béninois de renom célébrant ses 55 ans de carrière, et ses amis venus d’Afrique et d’ailleurs (Barthélémy Toguo, Tibari Kantour, Ousseiny Wade…), ont présenté leurs œuvres et discuté des perspectives de l’art sur le continent.
On retiendra également la soirée du samedi, au cours de laquelle l’artiste ivoirien Kérozen s’est produit en concert, avec à ses côtés les sœurs Teriba, vedettes de la musique béninoise, ou encore le griot guinéen N’Faly Kouyaté.
Mentionnons également l’art exhibition intitulé « Quand la mode et l’art se rencontrent », par Alphadi, célèbre créateur de mode africain, et Ouardane, artiste peintre contemporain marocain. Une exposition organisée le 14 février, en partenariat avec Oyemi Concept, pour célébrer la créativité et la beauté dans deux domaines artistiques différents.
Le Phot’art Afro Festival, premier festival international d’art de la photographie contemporaine au Bénin, organisé par l’Atelier Bossart Empire, a également été un pôle d’attraction de cette grande célébration. Il a offert des moments d’échange d’expériences, réunissant les spécialistes de cet art.
Le FInAB était également l’occasion d’initier des artistes béninois – des professionnels aux simples passionnés – à l’art du papier, au Centre culturel chinois au Bénin. Une centaine d’œuvres réalisées par une dizaine d’artistes béninois ont été exposées, reflétant la vie quotidienne des habitants du pays.
Dimanche, dernier jour du festival, ce fut l’apothéose avec l’un des événements les plus attendus : le défilé Oyemi Meets Art. Organisé par Oyemi Concept, ce spectacle en plein air a vu une pléiade de mannequins élégamment vêtus défiler sur scène. « Avec Oyemi Meets Art, nous avons créé un espace où deux mondes, la mode et l’art, se rejoignent pour célébrer la beauté, la créativité et la diversité qui font la richesse de notre société », a déclaré Magali Dossa Homeky, promotrice d’Oyemi Concept.
Lancement de Black Music Industry, le label maison du groupe Empire
Cette première édition a, par ailleurs, marqué le top départ de Black Music Industry, le label de production musicale du groupe Empire. « Black Music Industry sera spécialisée dans la production audiovisuelle, l’édition musicale, la diffusion, la promotion, le booking, et le management artistique », précise Auguste Amoussou, ancien manager de célébrités béninoises à qui a été confiée la direction de la nouvelle structure.
Format annuel
Pour Ousseyni Wade, émérite nom de l’art sénégalais, commissaire d’exposition lors du festival, et surtout secrétaire général de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, le FInAB doit se pérenniser pour continuer de promouvoir l’art et la culture béninoise au-delà des frontières.
Un appel qui reçoit un écho favorable auprès de l’organisation, d’autant plus que l’une des plus grandes annonces de cette première édition reste sa transition audacieuse, passant d’un format biennal initialement prévu à un rythme annuel.
Un réajustement qu’Ulrich Adjovi, son promoteur, justifie : « Nous avons décidé que le FinAB ne serait pas une biennale, il sera organisé tous les ans. Cela a été motivé par les mêmes raisons qui nous ont poussé à organiser un évènement dédié à tous les arts. Il y a trop de choses à structurer, trop de talents à révéler et nous sommes déjà en retard. Chaque année un ou deux arts seront mis en avant ».
Alors que le gouvernement béninois redouble d’efforts pour hisser le pays au rang de destination touristique de choix en misant sur sa richesse artistique et culturelle, le FInAB ouvre de nouvelles perspectives aux acteurs du secteur.
CP/APA