Des acteurs de la société civile au Sénégal veulent promouvoir la participation et le droit des enfants à être entendus dans le suivi général des droits de l’enfant.
Élève en classe de première dans un lycée de Sédhiou (sud), Moustapha Dabo prend part à Dakar, vendredi 24 février, à l’ouverture de l’atelier national de mise à jour, d’écriture et de validation du rapport des enfants sur la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE). Dans un sobre costume africain blanc, l’adolescent porte fièrement la parole de ses homologues qui représentent les treize autres régions du Sénégal dans cette cérémonie organisée par la Coalition nationale des associations et ONG en faveur de l’enfant (Conafe SN).
Après avoir solennellement observé une minute de silence à la mémoire des enfants morts dans la guerre en Ukraine, commencée il y a un an jour pour jour, Moustapha s’est réjoui du niveau de développement personnel des enfants encadrés par la Conafe. Ils ont pu bénéficier « d’un renforcement de capacités » qui leur permet aujourd’hui d’avoir « plus d’autonomie » dans la vie.
Comme dans plusieurs pays africains, le Sénégal fait souvent face à des cas d’exploitation et d’abus sur des enfants. Les mutilations génitales féminines (MGF), le mariage précoce, la mendicité et le travail des enfants sont encore une réalité dans plusieurs localités du pays.
Selon la Secrétaire exécutive de la Conafe, Justine Laison, sa structure a été « interpellée » par les Nations Unies sur le rapport de 2021 dont la publication a été « perturbée par la Covid-19 ».
En 2018, les enfants avaient produit et présenté leur premier rapport sur la Charte devant le Comité africain des experts sur les droits et le bien-être de l’enfant.
« Continuer le plaidoyer »
Plusieurs acteurs de ministères en charge de l’enfance ou représentant des organisations telles que Save The Children, World Vision ou le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) ont donc pris part à cet atelier destiné à la rédaction du nouveau rapport qui doit être publié cette année.
Le processus lancé en 2021 s’est déroulé en plusieurs phases, de la collecte de données sur la situation des enfants au Sénégal à leur traitement. L’objectif est de promouvoir la participation et le droit des enfants à être entendus dans le suivi général des droits de l’enfant.
« Les points forts qui sont ressortis portent sur l’adoption des projets de loi. Nous en avons proposé beaucoup au gouvernement qui doit les déposer à l’Assemblée nationale pour le vote. Il y a le projet de loi sur le défenseur des enfants, sur le code de l’enfant, sur le statut des daaras (écoles coraniques), sur le renouvellement du parlement des enfants, sur l’application des lois » de protection des enfants, a expliqué Mme Laison, sans plus de détails sur les injustices exercées sur les enfants.
« Les statistiques des abus et exploitations sexuels des enfants sont un véritable problème. C’est devenu même un fait divers. On parle presque chaque jour d’abus sexuels dans les familles, dans la rue, à l’école. On a des éléments avec la presse » mais ce n’est pas suffisant, a-t-elle justifié, demandant un suivi des « progrès et recommandations formulées à l’Etat du Sénégal » dans le but de lever les « obstacles au bien-être de l’enfant ».
L’atelier va se poursuivre samedi 25 février et « nous mettons surtout le focus sur les thématiques émergentes comme l’environnement, l’exploitation sexuelle en ligne et le dérèglement climatique », a également souligné la Secrétaire exécutive de la Conafe qui milite pour que les enfants aient plus d’« espace pour parler de leurs droits » et des abus dont ils sont souvent victimes.
« L’exploitation et les abus sexuels évoluent souvent au viol. La loi criminalisant le viol doit être vulgarisé afin que les gens s’en approprient pour dénoncer. La volonté politique de l’Etat doit être renforcée pour avoir un environnement protecteur. Il faut toujours continuer le plaidoyer en faveur de la protection de l’enfance », a insisté Justine Laison.
ODL/te/APA