Les quotidiens sénégalais parvenus lundi à APA titrent principalement sur les tentatives de décrispation de la scène politique par Macky Sall depuis l’annonce du report de l’élection présidentielle du 25 février 2024 alors que plusieurs acteurs semblent douter de la sincérité du président sortant.
Le Quotidien note que le président Macky Sall pose un premier acte vers la « décrispation » de la tension politique au Sénégal en proposant un projet de loi d’« amnistie » sur les émeutes liées au traitement des dossiers judiciaires de l’opposant Ousmane Sonko en mars 2021 et en juin 2023.
« La reprise du signal de la télévision Walfadjri rentre dans un plan général de réconciliation préparé par Macky Sall. Le gouvernement va présenter mercredi un projet d’amnistie couvrant les émeutes de 2021 et de 2023. Cela, afin de préparer la voie au dialogue souhaité par le Président », estime le journal alors que Libération indique que « ce projet de loi d’amnistie est au cœur de plusieurs tractations » depuis plusieurs jours et devrait passer en conseil des ministres mercredi prochain.
Walf Quotidien semble se réjouir que « Macky restitue le signal de Walf Tv » après huit jours de coupure. « A l’origine, une médiation de Pierre Goudiaby Atépa, Alioune Tine et Amadou Bâ », explique le journal dans lequel Me Cheikh Niass, patron du groupe Walfadjri, « dénonce l’excès de zèle de Moussa Bocar Thiam », ministre de la Communication.
L’Observateur évoque pour sa part « le traquenard du dialogue » pour Ousmane Sonko étiré « entre le besoin de +réhabilitation+ et les risques d’implosion de son camp ». Pour un observateur interrogé par le journal, cette question « est un couteau à double tranchant ». Candidat officiel à la présidentielle de février 2024, l’homme d’affaires Serigne Mboup note que « ce dialogue de Macky n’est rien d’autre qu’un piège ».
Le quotidien profite de cette situation sociopolitique trouble pour le Sénégal pour raconter les « secrets de vie des trois jeunes manifestants tués » la semaine dernière alors qu’ils s’opposaient au report de l’élection présidentielle du 25 février 2024. « Muezzin à Ndindifélo, l’étudiant Yéro Tounkara a perdu son père à l’âge de quatre ans, sa mère est en période de veuvage ». « Les derniers instants de Modou Guèye, mort à Colobane, racontés par son frère » et « le témoignage de l’oncle de Landing Camara, tué par balle à Ziguinchor (sud) » sont également recueillis par le journal.
Libération fait remarquer que « la liste macabre s’allonge » suite aux manifestations contre le report de l’élection présidentielle, avec trois jeunes tués entre vendredi et samedi dernier. Depuis vendredi d’ailleurs, « 266 personnes ont été interpellées par les Forces de défense et de sécurité », précise Moustapha Guirassy, membre de la coalition Diomaye Président du candidat détenu Bassirou Diomaye Faye, proche du maire de Ziguinchor Ousmane Sonko.
Cette situation tendue amène l’ambassade des Etats-Unis à maintenir la pression sur le chef de l’Etat sortant : « Nous continuos à demander au Président Sall de rétablir le calendrier électoral ». Toutefois, pour sa première sortie après l’annonce du report de la présidentielle, le journal souligne que Macky Sall a adressé une « troublante mise en garde » aux acteurs politiques. « Si les politiques ne sont pas capables de s’entendre sur l’essentiel, d’autres forces organisées le feront à leur place », a déclaré le président Sall alors que son ancienne Premier ministre Aminata Touré, devenue son opposante, estime que « les hommes de tenue ne (le) suivront pas dans (son) appel du pied ».
Professeur d’histoire à l’université Columbia des Etats-Unis, le Sénégalais Mamadou Diouf fait connaître ses « vérités » à Sud Quotidien sur les manifestations en cours au Sénégal contre le report de la présidentielle. Soulignant que « la dérive autoritaire de Macky Sall était prévisible », il estime que ces protestations traduisent « un début de révolution vers la fin d’un système » politique au Sénégal depuis son indépendance de la France en 1960.
En football, ce journal et Le Soleil indiquent que les Eléphants de Côte d’Ivoire montent « sur le toit de l’Afrique » en devenant les champions de la 34ème édition de la Coupe d’Afrique des nations (Can) organisée chez eux. Ils ont battu dimanche soir en finale les Super Eagles du Nigéria sur le score de deux buts à un. « Avec une troisième étoile, la Côte d’Ivoire égale le Nigéria », remarque le quotidien national qui fait savoir, en matière de diffusion, citant la Confédération africaine de football (Caf), que « c’est la Can la plus regardée de l’histoire ».
Stades note que « le miracle (a prévalu) jusqu’au bout » pour la Côte d’Ivoire, vainqueur de la Can 2023 alors qu’elle était presque éliminée de la compétition après avoir enregistré deux défaites en phases de poules dont la mémorable déculottée de 4-0 face à la Guinée-équatoriale.
Après avoir renvoyé l’entraineur français Jean-Louis Gasset et confié les rênes de la sélection à l’ancien international Emerse Faé en pleine compétition, la Côte d’Ivoire « entame sa révolte face au Sénégal », le champion en titre battu en huitième de finale aux tirs au but, sachant que « le tombeur du champion devient champion », souligne le quotidien sportif qui salue en fin de compte « le troisième sacre continental des Eléphants ».
ODL/ac/APA