L’organisation non-gouvernementale soutient qu’ « à la suite des attaques, les enfants et les communautés sont traumatisés. La majorité d’entre eux ne reçoit pas de soutien psychologique ».
Le kidnapping, à la fois source d’argent et moyen de terreur, est l’un des modes opératoires des groupes terroristes présents au Nigeria. « Plus de 1680 écoliers y ont été enlevés depuis le rapt en 2014 de 276 écolières à Chibok, dans l’État de Borno », a déclaré Save the Children dans un communiqué, ajoutant que « la peur des attaques empêchent certains enfants d’aller à l’école ».
En avril 2014, a rappelé l’ONG, ce malheureux évènement a fait la une des journaux du monde entier et déclenché le mouvement #BringBackOurGirls ainsi que des manifestations soutenues par des personnalités publiques comme Hillary Clinton ou encore Michelle Obama.
« Cependant, une nouvelle analyse de données, réalisée par Save the Children, révèle que les attaques contre les écoles ont continué à échapper aux projecteurs et met en lumière la violence à laquelle les écoliers et les enseignants sont confrontés à travers le Nigeria », a fait savoir la note parvenue à APA.
Outre les enlèvements, a précisé la source, plus de 180 écoliers ont été tués, près de 90 personnes blessées dans 70 attaques entre avril 2014 et décembre 2022 et 60 membres du personnel scolaire ont été enlevés et 14 tués. Vingt-cinq bâtiments scolaires auraient été détruits au cours de cette période dans des attaques survenues essentiellement dans le Nord-Ouest du Nigeria (49 assauts) et le Centre-Nord (11 attaques).
Conséquences terribles
Les attaques jihadistes ont des conséquences durables sur les communautés et l’accès des enfants à l’éducation, entraînant souvent leur retrait massif de l’école et la fermeture des établissements. « Dans l’État de Katsina, dans le Nord-Ouest du pays, près de 100 écoles restent fermées en raison de l’insécurité. Ce qui affecte l’éducation de plus de 30.000 enfants », a documenté Save the Children.
Au cours des discussions de groupe avec les communautés touchées, le personnel de l’ONG a constaté que de nombreux enfants étaient trop effrayés à l’idée de retourner à l’école. « J’ai peur d’être victime un autre jour, de mourir ou d’être violée par les insurgés », a témoigné une fille ayant survécu à l’attaque de l’école de Chibok.
Pour Famari Barro, Directeur national de Save the Children Nigeria, il faut faire davantage pour prévenir les attaques, mais aussi pour soutenir les enfants et leurs familles après les attaques : « Près de dix ans après que l’enlèvement tragique des filles de Chibok a fait les gros titres de la presse internationale, plus de 90 d’entre elles sont toujours détenues ou portées disparues, et d’innombrables enfants et enseignants vivent toujours sous la menace de la violence. Ce qui oblige beaucoup d’entre eux à fuir ou à interrompre leur éducation, parfois pour toujours. »
D’après M. Barro, « la combinaison du traumatisme et de la perte d’éducation résultant de ces attaques risque de durer toute la vie, à moins que les enfants ne bénéficient des moyens et du soutien nécessaires pour se remettre des évènements traumatisants qu’ils ont vécus et pour pouvoir retourner à l’école ». À l’en croire, il est donc essentiel que la vie des enfants et leur droit à l’éducation soient protégés à travers la mise en œuvre de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles partout dans le pays.
En 2015, a mentionné le communiqué de Save the Children, le Nigeria a approuvé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles qui vise à assurer la continuité d’une éducation sûre pendant les conflits armés et souligne les engagements pris pour renforcer la protection de l’éducation contre les attaques. Mais elle reste largement inappliquée.
Vice-président du Parlement national des enfants du Nigeria, Ibrahim Zanna Sunoma a dès lors invité toutes les autres parties prenantes à donner la priorité à l’extension de la mise en œuvre de ladite Déclaration afin de garantir aux enfants un environnement protecteur. « Le gouvernement, à tous les niveaux, devrait assurer la mise en œuvre de la politique nationale sur la sûreté, la sécurité et les écoles sans violence pour éviter que l’éducation soit attaquée dans les 36 États de la fédération et le territoire de la capitale fédérale. À cet effet, plus d’investissements et de financement devraient aussi être faits », a-t-il plaidé.
ID/ac/APA