Le chef du parti Les Transformateurs s’apprêtait à rentrer au Tchad au plus tard vendredi 20 octobre 2023.
Sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la justice tchadienne, Succès Masra, farouche opposant du régime des Déby, annonçait en grande pompe son retour au pays ces derniers jours. « Sauf cas de force majeure, d’ici le 20 octobre, nous serons parmi vous au Tchad pour finir ce que nous avons commencé pour le triomphe de la justice et l’égalité », avait indiqué sur ses réseaux sociaux, déjà le 10 septembre 2023, le président des Transformateurs qui a quitté son pays à la suite de la répression sanglante de la manifestation contre le pouvoir de transition du 20 octobre 2022, faisant plus d’une centaine de morts.
Depuis lors, l’ancien fonctionnaire de la Banque africaine de développement (Bad) vivait aux Etats-Unis et n’avait cessé de faire des navettes entre les continents américain, européen et africain. Ce n’est qu’après avoir fait part de son intention de retourner à N’Djamena, il y a plus d’un mois, que ses partisans, préparant activement cette arrivée, ont été informés de l’existence d’un mandat d’arrêt international de la justice tchadienne contre leur leader alors qu’ils demandaient des « mesures de sécurité » appropriées pour le retour de Succès Masra.
Cette mesure n’avait pas dissuadé dans un premier temps l’opposant, poursuivi pour « tentative d’atteinte à l’ordre constitutionnel, incitation à la haine et à un soulèvement insurrectionnel », selon les termes de ce mandat d’arrêt émis par le procureur général près la cour d’appel de N’Djamena, Mahamat Elhadj Abba Nana. Ce dernier, qui a confirmé auprès de la Radio France internationale (RFI) l’authenticité du document partagé sur les réseaux sociaux, a affirmé que le leader des Transformateurs pourrait être arrêté à son retour au Tchad.
Contre toute attente, Succès Masra a indiqué ce lundi 16 octobre sur son compte X (précédemment Twitter) qu’il reportait son retour au pays jusqu’à novembre prochain. « Après consultation et prise en compte des éléments nouveaux portés à notre connaissance, j’ai décidé de donner la chance aux démarches de possible réconciliation dans la justice et l’égalité d’aboutir en différant notre retour au Tchad au début du mois de novembre 2023 pour éviter tout risque sur les populations qui s’apprêtaient à sortir pour nous accueillir le 18 octobre », a déclaré l’opposant tchadien.
Arrivé au pouvoir après la mort de son père Idriss Déby, tué au front en avril 2021 lors de combats contre les groupes rebelles après avoir dirigé d’une main de fer le Tchad pendant trente ans, Mahamat Idriss Déby, jeune général de 39 ans, a été investi le 10 octobre 2022 président de la transition tchadienne à l’issue d’un dialogue de réconciliation nationale boycotté par une grande partie de l’opposition.
La sanglante répression policière du 20 octobre 2022 est liée à cette prolongation de la transition. Plusieurs centaines de manifestants étaient descendus dans les rues de la capitale pour réclamer son accélération et permettre le retour de civils au pouvoir. De nombreuses personnes ont été tuées lors de ces protestations alors que le gouvernement tchadien dénonçait une tentative de soulèvement armé pour prendre le pouvoir.
ODL/te/APA