Par Oumar Dembélé
Les quotidiens sénégalais parvenus lundi à APA titrent principalement sur l’éventuelle évacuation sanitaire de l’opposant Ousmane Sonko à l’étranger après sa récente altercation avec les forces de l’ordre sur la route du tribunal de Dakar, faisant qu’il est hospitalisé depuis lors dans une clinique de la capitale.
Bés Bi flaire une « atmosphère toxique » après les violences du 16 mars consécutives à la brutalité subie par le leader de Pastef, Ousmane Sonko, alors que l’opposant se rendait au tribunal pour assister à son procès pour diffamation contre le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang. Le troisième de la dernière présidentielle avec plus de 15% des suffrages, qui s’est plaint « de vertiges, de douleurs abdominales et de difficultés respiratoires », est interné depuis ce jour dans une clinique privée dakaroise.
Placé sous contrôle judiciaire depuis deux ans après que la masseuse Adji Sarr l’a accusé de viols et menaces de mort, Ousmane Sonko a vu son passeport être confisqué par la justice sénégalaise. Face à l’état de santé du maire de Ziguinchor (sud) qui inquiète ses partisans, Pastef « exige » la restitution du titre de voyage de son leader pour lui permettre de recevoir des soins plus poussés à l’étranger.
De son côté, Alioune Tine, un des leaders de la société civile sénégalaise, plaide « pour son évacuation sanitaire » au même titre que son avocat, Ciré Clédor Ly, soigné en France au lendemain de l’altercation avec les forces de l’ordre lors de laquelle il aurait été aspergé avec son client « d’une substance inconnue », selon des proches de Ousmane Sonko.
L’Observateur traite des « obstacles juridiques » d’une éventuelle évacuation sanitaire du radical opposant, se demandant si cette opération est « possible sans conditions ». « Si l’évacuation sanitaire est médicalement recommandée, il faut qu’il ait une autorisation de sortie du territoire parce que Ousmane Sonko est encore sous contrôle judiciaire. Il continue à émarger (sur le registre du juge), son passeport est confisqué », explique l’avocat Baboucar Cissé.
Toutefois, un de ses confrères du barreau qui a requis l’anonymat, précise au journal qu’une « lettre d’information adressée au juge suffirait pour quitter le pays si les médecins estiment qu’un déplacement sanitaire est nécessaire ».
En tout état de cause, « l’évacuation sanitaire » d’Ousmane Sonko à l’étranger « est une question de bon sens mais également pour des raisons humanitaires », soutient Alioune Tine dans Sud Quotidien. « Je pense que le président de la République doit mettre tous les moyens à la disposition de Sonko qui est d’abord citoyen sénégalais, arrivé troisième à une élection présidentielle. En plus, c’est quand même le principal leader de l’opposition sénégalaise. Le président de la République doit lui permettre d’aller se soigner pour mieux faire face d’ailleurs à la justice, parce qu’en permettant son évacuation sanitaire, il va rassurer déjà tout le monde », a plaidé le militant des droits de l’homme et expert indépendant des Nations Unies sur cette question au Mali.
Au même moment, le patron du groupe de presse privé Walfadjri, Cheikh Niass, « se radicalise et menace » après la nouvelle arrestation du journaliste Pape Ndiaye, poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles. Ce dernier avait déclaré que la majorité des substituts du procureur de la République étaient contre l’ordonnance de renvoi devant la chambre criminelle du dossier Adji Sarr – Ousmane Sonko, optant plutôt pour un non lieu. Le chroniqueur judiciaire avait été arrêté puis placé sous mandat de dépôt suite à ces affirmations. Son employeur, qui dénonce un « acharnement sur Waldadjri », a organisé dimanche 19 mars un rassemblement en faveur de sa libération.
« Si jamais ce sit-in du 19 mars 2023 n’a pas pour effet la libération immédiate de Pape Ndiaye et l’arrêt de tout acharnement envers Walf », le fils du défunt Sidy Lamine Niass, fondateur dudit groupe de presse, note qu’il déposera sa candidature en 2024. « Puisqu’à la fin de cette année 2023 j’aurai 35 ans, l’âge requis par la Constitution (pour être candidat à la présidentielle). Je pourrais, par conséquent, me présenter et devenir président de la République du Sénégal pour mettre fin à toutes ces injustices que ce soit envers les journalistes et les groupes de presse, en général », souligne l’avocat qui a fait ses études en France avant de venir diriger le groupe Walfadjri après la mort de son père fin 2018.
Cependant, Macky Sall n’a pas dit son dernier mot et son Premier ministre, Amadou Ba, le « presse » à déclarer sa candidature en 2024 malgré la controverse autour de cette éventuelle décision du chef de l’Etat, qui va terminer son deuxième mandat dans moins d’un an, prévient Le Quotidien. Le chef du gouvernement demande ainsi à son mentor « de se déterminer rapidement » pour permettre aux militants de la coalition présidentielle, Benno Bokk Yakaar (unis pour un même espoir), « de lancer rapidement la campagne électorale de la majorité à la présidentielle de 2024 », explique le journal.
Le Soleil indique que le président Macky Sall est préoccupé pour le moment par la « stratégie de souveraineté alimentaire », notant que « plus de 1000 milliards de francs CFA (sont prévus) pour la Vallée du fleuve Sénégal », au nord du pays. « Via ce programme, c’est l’élargissement de la base productive qui est envisagée, notamment l’augmentation massive des aménagements hydroagricoles de la vallée, avec un accompagnement en termes de mécanisation agricole, de production de semences de très bonne qualité, de réfection et de réhabilitation de l’existant pour mieux valoriser les superficies agricoles », explique le directeur général de la Société d’aménagement et d’exploitation du Delta du fleuve Sénégal (Saed), Aboubacry Sow.
APA/ODL