Des militants de la société civile, proches de l’ancien président Paul-Henri Damiba, ont été interpelés, depuis la semaine dernière, par les autorités de la transition, suscitant des inquiétudes au sein de l’opinion.
Plus tôt vendredi, le leader de la société civile Marcel Tankoano, Président du M21 (Mouvement du 21 mars) a été interpellé par la police nationale, a appris APA, de sources concordantes. Il a été interrogé par la Division des investigations criminelles et placé en garde vue.
On ignore pour le moment les faits qui lui sont reprochés, mais ce service de police judiciaire « traite des affaires de crime de sang et de crime économique, voire les affaires dites sensibles qui touchent l’Etat dans son ensemble », a expliqué une source policière.
Ensuite Abdoul Karim Baguian dit Lota a été arrêté dimanche soir. Son bureau a été perquisitionné, ses ordinateurs saisis. Placé également en garde à vue, il est reproché à Lota principalement, selon son avocat Me Paul Kéré, d’avoir incité à saccager la résidence du Mogho Naaba, l’empereur des mossés, selon la radio privée Radio Oméga.
Enfin, Désiré Guinko, porte-parole de l’Alliance des forces patriotiques (AFP) lui a été interpellé par les policiers de la DIC ce lundi matin, a confirmé son avocat, Me Christophe Birba, à APA.
Une stratégie de « musèlement »
Selon lui, après son interrogatoire, les policiers ont perquisitionné son domicile et son bureau. Plusieurs actes sont reprochés à M. Guinko, indique son conseil. « Incitation à des attroupements, actes de corruption, association de malfaiteurs, actes de vandalisme », a précisé Me Birba.
Ces trois leaders de la société civile sont des proches de l’ancien président Paul-Henri Damiba. Après sa chute, ils ont créé le « Front uni pour le Faso », une coalition d’une quinzaine d’OSC. Dans une déclaration, ce mouvement avait estimé que 7 mois après l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, la situation sécuritaire s’était empirée.
Le Collectif des journalistes, activistes et leaders d’opinion victimes de menaces au Burkina s’est dit « très préoccupé » par les récentes arrestations.
Pour ce Collectif, ces arrestations s’incrivent dans une stratégie de « musèlement qui est inhérente à tout régime dictatorial » et « visent, à tout point de vue, à masquer l’absence de résultats probants » sur le plan de la reconquête du territoire national.
Les arrestations de ceux que le Collectif a qualifié de « voix discordantes » se sont multipliées ces dernières semaines.
Jeudi 27 avril dernier, le lanceur d’alertes Wendpouire Charles Sawadogo avait été arrêté, accusé « d’intelligence avec l’étranger » pour les « déstabiliser », placé en garde à vue puis libéré 96 heures plus tard.
DS/ac/APA