Les autorités guinéennes ont assuré que le procès du 28 septembre ira jusqu’au bout.
Des hommes armés ont attaqué la prison civile de Conakry ce samedi 4 novembre aux environs de 5 heures du matin. Les assaillants ont réussi à libérer quatre détenus, tous présumés impliqués dans le massacre du 28 septembre 2009. Il s’agit de l’ex-président Moussa Dadis Camara, du capitaine Claude Pivi, du colonel Moussa Tiégboro Camara et du capitaine Blaise Goumou.
Alors que des informations font état de la reddition du colonel Moussa Tiegboro Camara, la situation reste confuse à Conakry. Des militaires sont aperçus dans les grandes artères et la voie menant à la maison centrale de Conakry, à Kaloum, a été bloquée par les forces de sécurité.
Sur les réseaux sociaux, le ministre de la Justice, Albert Charles Wright a réagi, assurant que « la justice ne cédera pas et ne cédera jamais » et que « ce procès (du 28 septembre) ira jusqu’au bout ».
Ouvert en septembre 2022, le procès du massacre du 28 septembre 2009 a tenu en haleine les Guinéens et la région ouest-africaine. Au nombre de onze, les accusés principalement constitués de dignitaires de l’ancienne junte dont Moussa Dadis Camara, ont défilé devant le prétoire.
Leur comparution a donné lieu à des révélations sur le déroulé de cette journée tragique qui a vu plus 157 personnes périr sous les balles des forces de sécurité. Cent neuf femmes ont été également victimes de viols.
Ancien aide de camp de Moussa Dadis Camara, Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba a fait porter le chapeau à son ancien patron. Exilé au Burkina Faso avant de revenir en Guinée pour les besoins du procès, l’ancien chef de la junte a été, à sa grande surprise, placé sous mandat de dépôt. Il a balayé d’un revers de main toutes les accusations portées contre lui par Toumba Diakité et le capitaine Marcel Guilavogui. Face au juge Ibrahima Sory II Tounkara, en décembre 2022, Moussa Dadis Camara avait affirmé être victime d’un « complot » monté selon lui par l’ancien président Alpha Condé, le général Sékouba Konaté et leur « exécutant » Toumba Diakité.
Premier à comparaître parmi les accusés, le capitaine Guilavogui s’était fait remarquer pour ses « trous de mémoire ». Mais en juillet dernier, il a décidé de parler, poussant son avocat Me David Béavogui à se retirer de sa défense. De leur côté, les avocats de Dadis Camara avaient annoncé une plainte contre le capitaine Guilavogui pour tentative de chantage.
Après deux mois de pause, le procès a repris début octobre dernier, avec le défilé des parties civiles. L’ouverture de ce procès, une année après le renversement du régime d’Alpha Condé par le colonel Mamadi Doumbouya, est considérée comme une grande avancée par les organisations de défense des droits humains.
ASD/ac/APA