La Cédéao a activé sa force en attente dans l’éventualité d’une intervention au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel.
Le président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) a déclaré ce jeudi, être favorable à une transition militaire de neuf (9) mois au Niger à condition que les autorités militaires qui ont pris le pouvoir soient « sincères ».
Bola Ahmad Tinubu qui recevait une délégation du Conseil suprême des affaires islamiques du Nigeria (NSCIA), conduite par le sultan de Sokoto, Son Éminence Muhammad Sa’ad Abubakar III, à la Maison d’État d’Abuja, a aussi indiqué que « personne n’est intéressé par la guerre » mais que l’allégement des sanctions ne peut résulter que « des ajustements positifs » de la junte militaire qui a pris le pouvoir à Niamey.
Alors que les négociations entre la Cédéao et le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), la junte au pouvoir à Niamey, semble dans l’impasse, cette nouvelle posture affichée par le président du Nigeria risque de faire des vagues au-delà du pays. Selon la note publiée par la présidence nigériane à l’issue de la rencontre, le président Tinubu a assuré qu’il faudrait que toutes les options diplomatiques soient épuisées avec la junte militaire en République du Niger pour que, en dernier recours, l’intervention militaire n’intervienne. Il a ensuite insisté sur le fait que « tout renversement par la force d’un gouvernement démocratique reste totalement inacceptable ».
Selon la même source, le président en exercice de la Cédéao a remercié les leaders religieux et islamiques pour leur médiation dans la crise que traverse le Niger depuis la prise du pouvoir par le CNSP, mais les a aussi exhortés « à retourner » à Niamey pour poursuivre leurs efforts de sortie de crise pacifique. « Ma crainte s’est confirmée au Gabon que les copieurs recommenceront à faire la même chose jusqu’à ce que cela soit arrêté », a-t-il dit, en référence aux évènements qui se passent depuis hier en Afrique centrale, précisément au Gabon où des militaires ont également renversé le président Ali Bongo Ondimba.
« Nous sommes voisins de la République du Niger, et ce qui uni nos deux grands peuples ne peut être brisé. Personne n’est intéressé par une guerre. Nous avons vu la dévastation en Ukraine et au Soudan », a rappelé le chef de l’Etat nigérian qui a tenu a souligné qu’il est essentiel de brandir les mesures fortes contre les prises de pouvoir par la force. « Sinon, nous en subirons tous les conséquences ensemble », a prévenu le président Tinubu.
Une transition de 9 mois comme au Nigeria en 1998-99
Selon la même source, le président Tinubu a rappelé, lors de la même rencontre, que le Nigeria, sous la direction du général Abdulsalami Abubakar, avait institué un programme de transition de neuf mois en 1998, qui s’était révélé très efficace, conduisant le pays vers une nouvelle ère de gouvernance démocratique.
Selon le président en exercice de la Cédéao, bien que l’action des militaires nigériens soit « inacceptable », des mesures d’allègements des sanctions peuvent être envisagées en cas d’évolution positive de la situation. « Plus tôt ils procéderont à des ajustements positifs, plus vite nous lèverons les sanctions pour atténuer les souffrances que nous constatons au Niger », a dit le président Bola Ahmed Tinubu à ses visiteurs du jour.
A Niamey, la déclaration du président nigérian a vite fait de cristalliser les discussions. Le chef de l’Etat nigérian s’est montré très critique et fermement opposé à toute transition politique au Niger. Alors que certains voient une proposition qui n’engage que le Nigeria mais pas la Cédéao, beaucoup s’accordent à voir une sorte de main tendue à la junte militaire. De quoi faire avancer les négociations pour une sortie de crise pacifique qui pourrait fragiliser l’organisation.
Lundi dernier, le président Emmanuel Macron qui a déclaré que la France va soutenir toutes les actions diplomatique ou militaire de la Cédéao, ajoutant que « la faiblesse que d’aucuns ont montré à l’égard des putschs précédents a nourri des vocations régionales… »
AYB/ac/APA