Le dirigeant ghanéen a réitéré son appel à des réparations pour la traite des esclaves en Afrique.
Le président Nana Addo Dankwa Akufo-Addo a demandé le versement de réparations pour les pays touchés par la traite transatlantique des esclaves, qui a duré des centaines d’années et a dépouillé le continent africain de millions de personnes.
Selon le dirigeant ghanéen, « aucune somme d’argent ne pourra jamais compenser les horreurs commises, mais cela permettrait de souligner que le mal a été perpétré, que des millions d’Africains productifs ont été arrachés à l’étreinte de notre continent et mis au travail dans les Amériques et les Caraïbes sans aucune compensation pour leur travail ».
Prenant la parole à son tour pour prononcer la déclaration nationale du Ghana lors de la 78ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, le président Akufo-Addo a fait remarquer qu’il était temps que l’Europe et les Etats-Unis reconnaissent que les immenses richesses dont ils jouissent ont été récoltées grâce à la sueur, aux larmes, au sang et aux horreurs de la traite négrière transatlantique et à des siècles d’exploitation coloniale.
« Peut-être devrions-nous également admettre qu’il n’est pas facile de construire des sociétés confiantes et prospères à partir de nations qui, pendant des siècles, ont vu leurs ressources naturelles pillées et leurs peuples échangés comme des marchandises », a-t-il ajouté.
Le président Akufo-Addo a souligné que le monde n’avait pas voulu et n’avait pas pu affronter les réalités des conséquences de la traite des esclaves.
Il a toutefois indiqué que cette situation changeait progressivement et qu’il était temps de mettre le sujet des réparations sur le devant de la scène.
« Certes, les générations actuelles ne sont pas celles qui ont pratiqué la traite des esclaves, mais cette grande entreprise inhumaine était parrainée par l’Etat et délibérée, et ses bénéfices sont clairement imbriqués dans l’architecture économique actuelle des nations qui l’ont conçue et mise en œuvre », a-t-il déclaré.
Et le président de poursuivre : « Si certains hésitent à payer des réparations, il convient de prendre en considération le fait que, lorsque l’esclavage a été aboli, les propriétaires d’esclaves ont été indemnisés pour la perte de leurs esclaves, parce que les êtres humains étaient considérés comme des biens, comme des marchandises. Il s’agit là d’une question que le monde doit affronter et qu’il ne peut plus ignorer. L’UA a autorisé le Ghana à organiser une conférence mondiale sur la question en novembre à Accra ».
Abordant la question épineuse des flux financiers illégaux en provenance d’Afrique, il a fait référence au rapport du groupe présidé par l’ancien président sud-africain, Thabo Mbeki, qui indique que le continent africain perd chaque année plus de 88 milliards de dollars en raison de sorties financières illicites.
« Oui, ces fonds doivent également être restitués au continent. Il est difficile de comprendre pourquoi les pays bénéficiaires n’hésitent pas à conserver ces fonds et sont heureux de qualifier de corrompus les pays dont ils proviennent », a déclaré le président Akufo-Addo.
Il a estimé qu’un groupe de travail conjoint de la Commission de l’Union africaine et du Secrétariat de l’OCDE, sous les auspices de l’ONU, devrait être chargé de trouver des moyens de mettre fin aux sorties de fonds préjudiciables.
En ce qui concerne les Objectifs de développement durable (ODD) devant être atteints à l’horizon 2035, le président ghanéen a déclaré qu’avant le début de la pandémie de Covid-19, son pays comme de nombreuses autres régions du monde, progressait dans la réalisation des 17 ODD.
« Aujourd’hui, l’image que nous avons de notre performance n’est pas très reluisante. La plupart des 21 objectifs fixés pour 2020 n’ont pas été atteints, et nous ne sommes pas sur la bonne voie pour atteindre de nombreux autres objectifs d’ici 2030 », a déploré M. Akufo-Addo, ajoutant : « Les progrès sur cinquante pour cent (50%) des objectifs sont faibles. Le plus décevant, c’est que nous avons bloqué ou régressé sur plus de trente pour cent (30%) des objectifs. Nous devons accélérer l’action sur l’ensemble du projet ».
GIK/fss/te/APA