Les quotidiens sénégalais parvenus lundi à APA scrutent principalement la forme et le fond du discours que le chef de l’Etat, Macky Sall, va adresser à ses compatriotes ce soir (20h GMT), à la veille de la célébration de la fête nationale du 4 avril pour laquelle des opposants ont décliné son invitation.
Bés Bi remarque un « défilé de messages » en prélude à la 63e fête de l’indépendance du Sénégal, célébrée mardi 4 avril. Le journal souligne que le président Macky Sall, qui va s’adresser à la nation ce soir, est « attendu sur le troisième mandat », précisément son éventuelle troisième candidature à la présidentielle de 2024 qui tient en haleine la population sénégalaise et de nombreux observateurs étrangers.
« Va-t-il enfin trancher la question du troisième mandat ? C’est l’une des interrogations relatives au discours du président de la République à moins d’un an de la fin de son deuxième mandat. A la veille du 63e anniversaire de l’indépendance du Sénégal, Macky Sall est surtout attendu pour apaiser un climat politique très tendu », note le quotidien, soulignant que le chef de l’Etat « invite l’opposition au défilé » alors que la coalition Yewwi Askan Wi (libérer le peuple) et l’ex-Premier ministre Aminata Touré « déclinent » son invitation.
En revanche, indique Sud Quotidien, l’Armée est « fin prête pour un +défilé grandeur nature+ » marquant la « puissance 63 » du Sénégal, indépendant de la France depuis 1960. Il est notamment prévu pour la parade « 4242 personnels des Forces de défense et de sécurité (FDS), 431 véhicules, 22 aéronefs, 66 chevaux, plus de 1377 élèves et étudiants civils », entre autres.
Walf Quotidien retient les « belles leçons républicaines de l’Armée à tous » en invitant « les politiques à la tenir en dehors de leurs querelles (…) pour l’intérêt de la Nation ». « Si ce n’est pas exceptionnel, il est extraordinaire de voir l’armée nationale faire un tir de barrage contre la classe politique, tous bords confondus. Et les Sénégalais doivent être fiers de leur armée. Laquelle vient gentiment inviter les politiques à ne pas les mettre dans leur sauce. Une attitude républicaine qui sert également de leçon aux institutions », souligne le journal dont la position sur cette question est appuyée par l’ancien Premier ministre classé deuxième à la présidentielle de 2019, Idrissa Seck.
« Quand on aspire à devenir chef suprême des Armées, on ne mêle pas l’armée à la politique politicienne », a fait remarquer l’actuel président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) comme s’il tentait de recadrer les leaders de la coalition Yewwi Askan Wi qui ont affirmé dans un communiqué avoir échangé « avec des Hauts gradés des forces de défense et de sécurité » pour surseoir à leur marche prévue ce 3 avril, veille de la fête nationale de l’indépendance.
Le Quotidien évoque le « jugement » du procès entre le ministre Mame Mbaye Niang et l’opposant Ousmane Sonko et note que la condamnation à deux mois avec sursis et à 200 millions de francs CFA de dommages et intérêts à l’encontre du maire de Ziguinchor (sud) provoque « le malaise de Thémis ». Donnant l’air de n’être pas satisfait du verdict, le journal lance des « interrogations autour du choix du juge (Mamadou Yakham Keita) et du délibéré du siège ». De plus, « le Parquet et la partie civile mettent la pression pour obtenir l’acte de jugement ».
Interrogé par Bés Bi sur le verdict dudit procès rendu le 30 mars dernier, le porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, semble dire que le pouvoir, accusé d’avoir voulu instrumentaliser la justice pour empêcher Ousmane Sonko d’être candidat à la présidentielle de 2024, s’est lavé à grande eau de ces allégations. « On nous disait que la justice cherchait à le rendre inéligible », a-t-il pris le contre-pied des personnes qui faisaient une telle analyse.
En effet, le farouche opposant, arrivé troisième à la dernière présidentielle avec plus de 15% des suffrages, garde encore ses droits civiques intacts en attendant l’issue d’autres dossiers judiciaires intentés contre lui comme l’histoire de viols et menaces de mort dont l’accuse l’ancienne masseuse du salon Sweet Beauté, Adji Sarr.
Dans une « interview explosive » avec L’Observateur, l’avocat et conseiller politique franco-sénégalais, Robert Bourgi, dont les sorties « font toujours débat en raison des révélations qu’il fait et de ses projections politiques presque justes », note qu’il « y a réellement une volonté sournoise de déstabiliser le Sénégal » où il est arrivé dimanche pour donner son avis sur un certain nombre de sujets comme sur Ousmane Sonko qu’il considère comme « un vrai gâchis ».
« Je connais trop ces bonimenteurs et charlatans de la communication autour de Sonko, ici et ailleurs. Il y en a aussi dans les cercles du pouvoir. Je les vois avancer, rôder, la calculette à la main », a souligné ce personnage controversé né à Dakar en 1945 et considéré comme un représentant de la « Françafrique », une expression désignant les relations « sulfureuses » entre la France et d’anciennes colonies en Afrique subsaharienne.
Le Soleil fait un focus sur les relations entre le Sénégal et le Maroc « bâties sur la complicité », d’après l’ambassadeur du Royaume chérifien à Dakar, Hasan Naciri. « Notre relation est forgée au fil des siècles par les flux humains de part et d’autre, les liens de sang qui en ont découlés remontent loin dans l’histoire. Les experts parlent du 7ème et du 8ème siècle, ce qui correspond à l’avènement de l’islam au Sénégal via le Maroc », explique le diplomate.
« L’islam n’a jamais été une religion de violence. Il y a des incompréhensions, mais les réponses existent bel et bien et les résultats, dans certains pays, y compris le Maroc et le Sénégal, en attestent », a-t-il précisé dans le quotidien national.
ODL/ac/APA